Félix Tshisekedi : « Je ne suis pas parti pour fuir une marche pacifique »

De retour à Kinshasa lundi 17 avril après séjour d’une semaine à l’extérieur du pays, le président du Rassemblement, Félix Tshisekedi a appelé à une mobilisation pour le respect de l’accord du 31 décembre 2016. Il l’a déclaré après un déplacement d’une semaine à l’extérieur du pays.

A l’occasion, M. Tshisekedi a encouragé les bons offices de la MONUSCO pour la signature et l’application de l’arrangement particulier censé définir les modalités d’application de l’accord du 31 décembre. Entretien

Radio Okapi : Félix Tshisekedi, vous venez de rentrer à Kinshasa, après un déplacement effectué à l’extérieur de RDC. Les militants de l’UDPS vous ont accompagné de l’aéroport jusqu’à la 10è rue Limete. Qu’est-ce que cet accueil vous inspire ?

Félix Tshisekedi : Pour moi, l’accueil est une réponse à la bêtise qui avait été faite à mon dos. Je ne suis pas parti pour fuir une marche pacifique. Vous comprenez que c’est totalement ridicule. Ici, je répondais à l’invitation d’un grand chef d’Etat africain qui a voulu garder l’anonymat et moi je respecte cela. Et, je n’avais pas le choix. Il fallait partir ou attendre encore un ou deux mois pour attendre le même rendez-vous sans être sûr qu’il allait être confirmé. J’ai eu la confirmation la veille et j’ai pris l’avion.

Radio Okapi : Avant de voyager, vous avez signé un communiqué au nom de votre plate-forme, le Rassemblement politique pour soutenir l’UDPS dans l’organisation d’une marche pacifique. Et cette marche a été étouffée par la police. Pourquoi avez-vous signé ce communiqué ?

Félix Tshisekedi : C’était par solidarité d’abord avec l’UDPS qui demandait cette marche. Une marche qui exigeait le respect de l’accord du 31 décembre et de la résolution 2348 [du Conseil de sécurité]. Mais aussi une marche qui devait se faire en solidarité avec nos frères du Kasaï qui sont comme vous le savez, sujets de la barbarie de la même manière que nos compatriotes qui sont à l’Est, à Beni et les environs. Ils subissent les mêmes violences. En plus de cela, je voulais dire que nous allons continuer, parce que nous sommes dans notre bon droit d’exiger d’abord le respect de l’engagement qui a été celui de M. Joseph Kabila et de ses amis. Ils doivent cesser de débaucher des gens qui sont sans foi ni loi. Ils ont créé une sorte de Rassemblement bis. Le Rassemblement bis n’existe pas. Il n’y a qu’un seul Rassemblement, celui qu’Etienne Tshisekedi nous laissé et que dirigent, Félix Tshisekedi et Pierre Lumbi.

Radio Okapi : Comme vous venez de rentrer, y a-t-il une autre initiative politique ou diplomatique pour relancer les discussions avec vos adversaires de la Majorité présidentielle pour voir dans quelle mesure signer l’arrangement particulier ?

Félix Tshisekedi : J’entends dire qu’il y a des initiatives qui seront lancées par la communauté internationale. D’ailleurs, c’est conforme à la résolution 2348. Je veux dire que les bons offices que nous encourageons et acceptons ce n’est pas une «faiblesse». C’est simplement un choix que nous faisons qui est celui de la paix. Parce que nous voulons une alternance pacifique et démocratique dans ce pays. Et, l’alternance signifie des élections libres et crédibles qui vont amener à la tête de ce pays un nouveau président. Qui qu’il soit, il doit être l’émanation de la volonté des Congolais. Mais le comportement du camp Kabila risque de mettre le pays à feu. Et ça nous ne l’accepterons pas. Voilà pourquoi nous privilégions cette voix-là. Ce n’est pas ce que nous avons entendu ça et là, une sorte de positionnement pour se disputer des postes politiques. Non !

Radio Okapi : Félix Tshisekedi, vous avez été plébiscité par le Rassemblement comme candidat qui devait être nommé par le chef de l’Etat comme Premier ministre. Mais contre toute attente, c’est Bruno Tshibala qui a pris cette place. Cela vous a-t-il frustré ?

Félix Tshisekedi : Il n’y a pas de frustration. Ma frustration est au niveau du respect de l’accord. Ma personne importe peu. L’accord ne parle pas de moi. Il parle du Rassemblement qui doit présenter le Premier ministre. Et celui-ci doit être nommé par le président de la République. Voilà ce que dit l’accord. C’est cet accord qui fait d’ailleurs de Joseph Kabila président de la République. C’est parce que nous avons accepté cela. Et s’il ne s’implique pas dans cet accord, ça signifiera qu’il ne veut pas de ce poste et nous en tirerons les conséquences.

Propos recueillis pas Ascain Zigbia.

Vous pouvez écouter cet entretien dans cet extrait sonore.

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