Exploitation illégale de bois en RDC: une ONG demande à la France d'agir

La République démocratique du Congo, un des "poumons verts" de la planète, est menacée par l'exploitation forestière illégale, affirme mardi l'ONG Global Witness qui demande aux pays importateurs de bois dont la France de prendre des mesures.

"Il n'est pas surprenant que la loi soit bafouée en RDC, mais il est choquant que la France fasse si peu pour mettre un terme à ses importations de bois illégalement prélevé", dénonce un responsable de l'ONG, Jules Caron, dans un rapport.

L'ONG affirme avoir enquêté pendant deux ans sur les activités de Norsudtimber en RDC. Cette entreprise basée au Liechtenstein exploite des concessions forestières grandes comme la Suisse (40.000 km2) et a contrôlé près de 60% du commerce du bois dans ce pays en 2017, d'après l'ONG.

"Norsudtimber opère presque entièrement dans l'illégalité, en violation des points essentiels du code forestier congolais", écrit l'ONG qui reproduit des images satellites traçant les coupes de bois.
"78% des exportations de bois de Norsudtimber sont parties vers la Chine et le Vietnam entre 2013 et 2017. L’Europe compte pour 11%, principalement le Portugal et la France", selon l'ONG.
L'ONG demande à l'Agence française de développement (AFD) d'annuler un programme de 18 millions de dollars sur quatre ans qui "irait à l’encontre des objectifs de protection du climat et de la forêt" et "reviendrait à soutenir les entreprises émettrices de CO2 et non respectueuses de la loi (comme Norsudtimber)".

"Depuis plusieurs années, cette ONG attaque l'AFD pour un programme conçu avec les autorités congolaises qui vise à améliorer la gouvernance du secteur forestier", répond l'AFD jointe par l'AFP à Kinshasa.

La RDC abrite 60% de la forêt du bassin du Congo, un des derniers "poumons" de la planète.

L'ONG Greenpeace estime que sa déforestation menacerait la lutte contre le réchauffement climatique, en libérant du dioxyde de carbone stocké en grande quantité dans les tourbières des forêts tropicales.

Une équipe d'observateurs de Global Witness a été expulsée de RDC en 2016 alors qu'elle enquêtait sur un site d'exploitation forestière de Norsudtimber, indique l'ONG dans son rapport.
Des sociétés congolaises contrôlées par Norsudtimber (Sodefor et Forabola), ont répondu point par point aux allégations de Global Witness.

Par exemple, Global Witness affirme que ces sociétés ont "exploité le bois en dehors des périmètres autorisés dans la concession", sur la base d’images salellitaires.
"Une image avec des routes hors périmètre n’implique pas une exploitation hors périmètre", répondent Sodefor et Forabola, dans un courrier transmis par l'ONG. "De manière générale il faut aussi être prudent et vérifier si les routes visibles par images satellite sont récentes ou anciennes".

Avec AFP