CENCO : « Les alliés semblent plus préoccupés par leur positionnement politique que par le service à rendre au Peuple »

La Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) estime, dans une déclaration rendue publique ce lundi 2 mars, « les alliés au pouvoir semblent plus préoccupés par leur positionnement politique que par le service à rendre au Peuple ». Ce message intitulé « coalition pour quel but ? » a été rendu public à la fin de l’assemblée permanente des évêques membres de la CENCO.

Un an après l’alternance au sommet de l’Etat, constate la CENCO, des crises multiformes surgissent et font planer des inquiétudes sur le changement social vivement attendu.

« En effet, une tension préoccupante qui couve au sein de la coalition au pouvoir, se répercute sur la gouvernance, et entame le fonctionnement de l’appareil de l’Etat. En même temps, nous assistons à un enrichissement injustifiable et scandaleux d’une poignée d’acteurs politiques au détriment de la grande majorité de la population. La corruption et les détournements du denier public persistent. Le comble est que ces détournements sont l’œuvre de ceux-là mêmes qui sont appelés à être des garants du bien commun. Les mesures annoncées pour combattre ces maux demeurent sans effets », regrettent les évêques catholiques.

Ils affirment qu’ils restent inquiets par la persistance de l’insécurité généralisée dans l’Est du pays, semée par des groupes armés locaux et étrangers, particulièrement dans les provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.

« On n’a jamais compté autant des morts en moins d’une année dans cette partie du pays, comme c’est le cas actuellement. L’insécurité s’étend aussi sous d’autres formes dans les grandes agglomérations du pays, ce qui donne l’impression que le Peuple est abandonné à lui-même », note la CENCO.

Problèmes sans solutions

La CENCO estime que beaucoup de problèmes auxquels le pays est confronté restent sans solutions adéquates, à cause de la crise qui mine la Coalition.

« Il est inacceptable que le pays soit pris en otage par un accord qui, du reste, est occulte. L’on peut se demander à quoi sert cette coalition au pouvoir ! », s’exclament les évêques.

 

Ils saluent, néanmoins les initiatives des Gouvernants qui vont dans le sens du service du Peuple, notamment la mise en œuvre effective de la gratuité de l’enseignement de base, les efforts de régularisation de la paie des enseignants, les perspectives de lutte contre la pauvreté.

L’implication de tous sollicitée

Les pères de l’église catholique croient en la capacité du pays à se relever. « L’essentiel est d’y mettre la bonne volonté et de s’y engager. Il nous faut un sursaut patriotique. La RD Congo intéresse plusieurs personnes à plusieurs égards, mais personne d’autre ne peut mieux reconstruire ce pays sans la participation de nous-mêmes congolais au premier plan », conseillent les évoques de la CENCO.

Ils recommandent au Président de la République :

  • D’oeuvrer à la matérialisation des dispositions annoncées en matière de lutte contre la corruption ainsi que la dépolitisation de l’appareil judiciaire et de l’administration publique ;
  • Veiller à ce que les enquêtes amorcées sur les détournements de deniers publics ne soient pas un leurre, mais qu’elles aboutissent à des résultats palpables pour l’intérêt du pays ;
  • Veiller à la dépolitisation de la gestion des entreprises publiques en privilégiant la compétence. Les entreprises publiques ne sont pas des vaches à lait pour les regroupements politiques, mais plutôt des unités de production pour la Nation.

Ils recommandent aussi aux députés d’être à l’écoute des forces vives du pays afin d’amorcer des reformes consensuelles nécessaires pour la consolidation de la démocratie.

Ils conseillent aussi au gouvernement de faire de son mieux pour réaliser les prévisions budgétaires votées en vue de l’amélioration des conditions de vie des Congolais et de proposer des réformes nécessaires et qui soient consensuelles, notamment de la CENI, de l’appareil judiciaire.