RDC-Rwanda: "Je n’ai jamais dit, et je ne dirai jamais que les troubles qu’il y a eu en RDC n’ont pas occasionné des morts", Vincent Karega

"Je n’ai jamais dit, et je ne dirai jamais que les troubles qu’il y a eu en RDC n’ont pas occasionné des morts". L'ambassadeur du Rwanda en République démocratique du Congo, Vincent Karega, s’est ainsi exprimé vendredi 4 septembre 20 à Radio Okapi après une manifestation organisée à Kinshasa par des mouvements citoyens pour exiger son départ. Ces mouvements citoyens et quelques associations l’accusent d’avoir tenu des propos négationnistes en rapport avec le massacre  de Kasika, au Sud-Kivu en aout 1998

Vincent Karega estime qu’il y a eu beaucoup des distorsions dans ce qu’il avait publié sur son compte tweeter à la fin du mois d’aout 2020.

R.O : Mr l’ambassadeur Vincent Karega, les mouvements citoyens congolais et autres associations de droits de l’homme exigent votre départ de la RDC pour vos propos en rapport avec le massacre de Kasika notamment. Comment réagissez-vous à cela ?

Vincent Karega : leurs pressions devraient s’exercer sur le gouvernement, qui m’a accrédité ici pour qu’à son tour il évalue la situation et décide du fait que je dois rester ou partir. Mais par rapport à leur action, c’est une action citoyenne, c’est un droit démocratique par rapport à leur entendement de mon acte que moi je comprends autrement et que j’imagine que si nous nous rapprochons davantage nous pouvons mieux en débattre malgré les turbulences dans nos relations à un certain moment de notre histoire.  

R O : Estimez-vous avoir été mal compris ?

Vincent Karega : Oui effectivement, il y a eu beaucoup des distorsions dans ce que je disais. On parle de ma position négationniste par rapport aux morts en RDC. Je n’ai jamais dit et je ne dirai jamais que les troubles qu’il y a eu en RDC n’ont pas occasionné des morts. Il y a eu des morts même avant la présence des Rwandais et même après la présence des Rwandais en RDC. Donc, je n’ai jamais nié que les violences en RDC ont eu des morts, que les différentes rebellions, tous les mouvements des libérations ou des réclamations des droits, tribaux et autres n’ont jamais occasionné des morts. Mais pas pour dire que je n’accepte pas qu’il y ait eu des morts ou que je ne reconnais pas la peine de ceux qui auraient perdu leurs membres des familles. Il y a eu incompréhension et les mots que les gens utilisent ou que j’utilise peuvent porter à confusion et surtout qu’il y a une certaine antipathie et animosité, une rwandophobie que nous devons aussi essayer de travailler à réduire ou à éradiquer avec le temps.

R O : Mr l’Ambassadeur ça fait mal si on reconnait ces morts comme génocide ?

Vincent Karega : un génocide a une définition. C’est le droit de quiconque croit avoir été victime d’un génocide de plaider pour qu’un génocide lui administré ou lui orchestré soit reconnu et que les coupables d’où qu’ils viennent se présenter devant la justice. Je n’ai rien contre un génocide s’il a eu lieu, s’il remplit les conditions de génocide qu’il soit au Congo ou ailleurs, et dans nos politiques nous sommes prêts comme Rwanda à défendre les peuples menacés de violences de génocide d’où nos déploiements des troupes dans les forces des Nations unies au Darfour, et ailleurs sur le continent et même jusqu’en Haïti.

R O : Vos propos n’ont-ils pas entaché les relations diplomatiques entre la RDC et le Rwanda ? Les mêmes mouvements exigent aussi la rupture des relations diplomatiques entre la RDC et le Rwanda.

Vincent Karega : en même temps il y a d’autres mouvements citoyens qui exigent le renforcement des relations. Donc, dans un contexte démocratique comme celui-ci, toutes les voies ne sont pas canalisées dans le même sens, toutes les demandes ne sont pas similaires mais c’est important d’écouter toutes les demandes et d’aplanir le malentendu dans les jours qui viennent en trouvant d’autres voies et moyens de dialogue face-à-face et de collaboration et de meilleure communication. Donc je prends note de tous les messages et de soutien et d’énervement et de colère surtout que ces mouvements citoyens, je dois aussi les féliciter d’avoir mené une démarche pas violente, assez civilisée ; mais seulement il y a des clarifications à faire pour éviter tout malentendu, tout énervement ou réaction disproportionnée aux actes.

R O : Ayant vécu longtemps en RDC, quelle serait votre contribution à la recherche de la paix dans l’Est du pays ?

Vincent Karega : J’userai de ma passion pour mon Congo natal et mon Rwanda d’origine pour refaire les ponts et non des murs dans un esprit gagnant-gagnant de coopération et partenariat, « peuple à peuple », « business à business » pour remettre la quiétude et la confiance mutuelle de nos peuples.

Vous pouvez écouter ici l’interview de l’Ambassadeur du Rwanda en RDC Vincent Karega avec Jean Désiré Kanyama :

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