Le budget de l’Etat risque de ne pas permettre au nouveau premier ministre de bien faire son travail, analyse Pr Alphonse Maindo, Docteur en sciences politique de l’Université de Sorbonne à Paris 1. Lors de l’émission Dialogue entre Congolais, lundi 15 février, il estime que le Chef du gouvernement devra aussi gérer les ambitions des dissidents du Front commun pour le Congo (FCC) et les cadres de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).
« Quand on regarde le budget de l’Etat aujourd’hui, on peut bien se demander ce que peut faire un Premier ministre », déclare Pr Alphonse Maindo, qui est aussi enseignant à l’Université de Kisangani (UNIKIS).
L’Assemblée nationale a voté le 3 décembre dernier, le budget 2021 révisé à hauteur de 7,1 milliards USD. Élaboré dans un contexte international marqué par la pandémie de COVID-19, Jeanine Mabanuda, ancienne présidente de la Chambre basse avait qualifié la loi des finances de l'exercice 2021 d'espoir, de changement, et de travail.
Mais pour la société civile, ce budget est essentiellement de consommation. Même son de cloche pour Adolphe Muzito, président de Nouvel Elan (opposition). Pour lui, le budget 2021 ne pourra pas permettre au peuple congolais d’accéder au bien-être social.
Pr Alphonde Maindo pense que c’est donc une lourde responsabilité qui attend le nouveau Premier ministre.
Sama Lukonde devra aussi gérer les attentes des uns et des autres qui sont trop élevées et les moyens pour les satisfaire, pas toujours évidents.
« Comment il va faire pour naviguer d’une part entre le Président de la République qui attend beaucoup de lui, et d’autre part, les cadres de l’UDPS qui vont vouloir lui imposer leur propre dictat. D’autre part aussi, vous avez l’Assemblée avec les anciens du FCC, qui voudraient aussi se retrouver. Je ne me fais pas trop d’illusion », poursuit Pr Maindo.
Toutefois, il salue le choix porté par le Chef de l’Etat sur un jeune qu’il qualifie de « l’homme de Félix Tshisekedi. »
« Le Président a besoin de mieux se positionner. Il a besoin d’avoir un bilan pour 2023. Pour cela, il a besoin des hommes à lui, qui essaient de faire sa politique. En même temps, on salue le fait que ça soit un jeune, c’est ami du Président de la première heure », détaille Pr Alphonse Maindo.
Pour lui, la nomination de Sama Lukonde obéit à la logique de la volonté du Chef de l’Etat de contrôler l’essentiel de l’appareil de l’Etat, tant dans le Parlement dans les deux chambres, mais aussi dans le gouvernement et antérieurement, il avait déjà commencé à contrôler l’appareil sécuritaire.
