Musique : les chansons « Nini to sali té » et « Lettre à ya Tshitshi » interdites de diffusion

La chanson « Nini to sali té » du groupe Musique population de la révolution (MPR) est interdite de diffusion sur les chaines de télévision, les stations des radios, des écrans géants, et sur toutes les autres formes et moyens de communications installés sur l’ensemble de la République démocratique du Congo (RDC). La Commission nationale de censure des chansons et des spectacles (CNCCS) a pris cette décision mardi 9 novembre.

Il est reproché à ce groupe la violation des dispositions des articles 2, 5 et 13 du décret numéro 003 du 21 février 1996 portant création de la CNCCS, pour n’avoir pas présenté le clip vidéo avant toute diffusion au public.

Les mêmes faits sont également reprochés à l’artiste musicien Bob Elvis, dont les six clips sont interdits de diffusion, y compris la chanson « Lettre à ya Tshitshi ».

Les cris d’un désespéré

« Nini to sali té », ou « que n’avons-nous pas fait » ? est le titre du duo des artistes Yuma Dash et Zozo Machine. Avec 800 000 vues sur YouTube, 4 jours après sa sortie, la chanson interpelle les dirigeants du pays, 61 ans après l’indépendance. « Père, nini to Sali té », c’est le début de ce titre qui relate les conditions difficiles de la vie d’un Congolais qui s’adresse à son dirigeant.

Etudier et se réfugier dans la prière n’ont pas pu résoudre tous les problèmes que rencontrent les jeunes. Les vendeurs ambulants sont appelés paresseux, alors que les femmes font étudier leurs enfants avec le commerce des braises.

Mais à la fin du clip de 4’45’’, c’est un cri de détresse qui continue. L’enfant (acteur principal du clip) qui termine ses études ne parvient pas à trouver un travail. Il mendie de l’argent de transport en cours de route et à son retour à la maison, sa mère est malade et il n’a pas de moyens pour lui acheter un comprimé de médicament. Impuissant, il vit le moment fatal : sa mère décède sous ses yeux et il n’a que sa voix pour sangloter : « maman » !

Rapport à un opposant décédé

Quant à « Lettre à Ya Tshitshi », Bob Elvis commence son opus de 3’58’’ par l’octroi des véhicules 4X4 aux députés nationaux. Le clip montre l’artiste devant un cercueil entouré de bougies faisant rapport à Etienne Tshisekedi, dont l'effigie est visible. L’opposant Etienne est le papa de l’actuel président Félix Tshisekedi.

Selon l’esprit de la chanson, le slogan « le peuple d’abord », du parti au pouvoir, n’est pas respecté.

Bob Elvis raconte que les problèmes sociaux ne sont pas réglés : toujours pas d’eau, que des dislocations entre les politiciens, le Coronavirus continue de faire ravage, les alliances politique ne profitent pas au peuple et prend le pays en otage, la guerre de l’Est est loin de se terminer, le chômage, les députés se battent pour leurs propres avantages…

Il promet d’adresser sa nouvelle lettre au défunt Etienne Tshisekedi en lui faisant rapport notamment de la taxe RAM (registre sur les appareils mobiles), la Commission électorale nationale indépendante, et de la loi sur la nationalité.