Claude Mukeba publie Nommer et renommer les lieux: un siècle de batailles idéologiques à travers les toponymes à Kinshasa

 

L’ouvrage intitulé : Nommer et renommer les lieux : un siècle de batailles idéologiques à travers les toponymes à Kinshasa », publié en décembre 2022, par la collection Comptes rendus des éditions L’Harmattan a été porté vendredi 24 février, sur les fonts baptismaux, à Kinshasa.

Cette cérémonie s'est déroulée dans la salle père Boka du CEPAS, dans la commune de la Gombe. 

« Un nom d’un lieu, un toponyme, en fait c’est un récit condensé. Derrière le nom d’un lieu se décline toute une histoire. Alors je vais essayer de capter les récits qu’il y a derrière les toponymes. Et donc je me suis intéressé à la toponymie et j’ai découvert qu’il y a énormément d’information et énormément de passion derrière la toponymie », a expliqué Claude Mukeba, professeur à l'Institut facultaire des sciences de l'information et de la communication (IFASIC).

« Tenez par exemple : est- ce vous savez que depuis 52 ans, les places que vous appelez communément Rond-point victoire et Rond-point Gambela s’appellent officiellement Place des martyrs et Place du sergent depuis 1972 ? Mais nous, on a continué à les appeler Rond-point victoire et Rond-point Gambela. Voilà énormément d’informations intéressantes qu’on peut trouver lorsqu’on s’intéresse à la toponymie », a révélé Claude Mukeba.

L’ouvrage comprend trois parties.

La 1ère partie, consacrée aux concepts, théories, pose les bases théoriques nécessaires à la compréhension de l’étude. Elle présente aussi les approches méthodologiques qui sont tour à tour paradigmatique, syntagmatique, triangulatoire et comparative.

La 2ème partie retrace plus de 130 ans d’histoire de la RDC sous le prisme du phénomène retoponymique.

La 3ème partie est le lieu de l’application de l’analyse retoponymosémique. L’auteur étale les querelles séquentielles marquées tour à tout par l’européanisation des toponymes (époque coloniale), l’imposition des toponymes africains (1960-1990) et l’ouverture du fond toponymique aux divers courants et idéologies (démocratisation post avril 1990).

L’auteur termine son livre par l’élaboration des principes généraux éclairant les oppositions, controverses et contrastes générés par les actes de retoponymisation.

Interdisciplinarité des Sciences de l’information et de la communication

Le professeur Pierre Nsana qui a présenté l’ouvrage de 215 pages fait remarquer que le Professeur Mukeba fait une démonstration éloquente, vivante et savante que les Sciences de l’Information et de lacCommunication sont véritablement une interdiscipline, une science carrefour à la bifurcation des branches aussi variées que la sémiologie, la sémantique, la narratologie mais également, la sociologie, l’anthropologie, la politique, l’histoire, ...

« Nommer et renommer des lieux est une œuvre originale, dans tous les sens du terme. Une œuvre que les sémiologues, linguistes et narratorologues liront avec grand intérêt. L’auteur leur propose une baignade dans les profondeurs de  la dynamique signifiante enclenchée par le mécanisme de la retoponymisation, à travers une analyse retoponymosémique. C’est une œuvre originale dans laquelle politiciens et politologues, sociologues et anthropologues redécouvrent, sous une lueur authentique, les notions de légitimité, de démocratie, de libéralisme, mais surtout de pouvoir et d’idéologie», a noté Pierre Nsana.

L’ouvrage raconte plus d’un siècle d’histoire politique du pays à travers les différents épisodes toponymiques dans la ville de Kinshasa. Les profils des autorités toponymiques y sont confrontés aux discours circulants de chacune des périodes considérées.

« De même, les circonstances du choix des toponymes et les idéologies sous-jacentes sont décrites, analysées et dévoilées, offrant ainsi aux générations actuelles et futures une fine compréhension des faits que, l’habileté des acteurs politiques et parfois la paraisse intellectuelle des usagers auraient relégué aux rangs de simples actes administratifs, parfois à connotation patriotique », ajoute Pierre Nsana.