Beni : conditions de vie difficiles pour des milliers de déplacés de guerre

Des dizaines de milliers de déplacés qui vivent dans la ville de Beni (Nord-Kivu), déplorent leurs mauvaises conditions de vie. Radio Okapi s’est entretenue mardi 20 juin avec ceux cantonnés sur le site de Kasabinyole dans commune de Ruwenzori. 

Une dizaine de familles avec près de cinquante personnes vivent dans un bâtiment de dix cellules en planches, construit dans la concession de l’Eglise Anglicane à Ruwenzori. 

Contraints à la mendicité 

Tous disent mener une vie difficile, depuis leur arrivée il y a plusieurs mois, fuyant la guerre dans leurs villages.

Pour survivre, certains s’adonnent à la mendicité. D’autres cependant vont travailler dans les champs appartenant aux autochtones, afin de pouvoir obtenir la nourriture. 

Eva Polina, une femme ayant perdu tous les membres de sa famille explique le calvaire qu’elle endure depuis quatre mois qu'elle est arrivée d’Eringeti : 

« On a tué tous les membres de ma famille. Je suis veuve. Je passe à travers la ville pour chercher quelqu’un qui peut m’occuper par un petit service champêtre. Une fois que j’ai mes feuilles de manioc et un peu d’huile, cela me suffit pour manger ».

Des enfants ne vont plus à l’école depuis qu’ils sont arrivés à Beni. Eux aussi passent leur journée à mendier ou à s’adonner à de petites activités :

« Nos enfants n’étudient pas parce que nous ne connaissons pas les écoles où les enseignements sont gratuits parce que nous ne maitrisons pas encore pas la ville. Nous avons besoin d’une aide car nous avons tout abandonné (à Eringeti)», a poursuivi Eva Polina. 

« Le déplacé est moins considéré » 

  Malgré les efforts fournis dans le cadre de l’auto prise en charge, ces déplacés écoulent difficilement leurs marchandises ; certains autochtones se méfiant de leurs articles. C’est ce qu’affirme Kavugho Kyaviro : 

  « Nous menons une vie très difficile. On peut trouver un travail journalier mais très loin. J’ai huit enfants entassés dans deux cellules. Je vends des cossettes de manioc. Mais ici, on se méfie de nous. Même si on essaie d’étaler quelques articles, malheureusement les clients partent acheter chez leurs amis.  Lorsqu’un article tarde, on est obligé de le cuire pour les enfants. C’est un problème. Le déplacé est moins considéré ici ».   

Ces déplacés souhaitent regagner leurs milieux d’origine. 

Ils recommandent, pour ce faire, au Gouvernement de pacifier leurs villages en proie à l’insécurité des groupes armés, pour leur permettre de reprendre la vie normale. 

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