Que faut-il faire pour faire reconnaître le génocide congolais ?

La ville touristique de Goma a été au centre des affrontements opposant les forces armées congolaises (FARDC) contre les rebelles du M23, soutenus par l’armée Rwandaise (RDF) du 26 au 30 janvier dernier. La MONSUSCO a présenté un bilan alarmant de près de 700 morts, de 2800 blessés, des exécutions sommaires, des déplacements et des travaux forcés et des occupations des écoles et des hôpitaux en tenant pour responsable le nouvel envahisseur de la capitale provinciale du Nord-Kivu.

Que faut-il faire pour faire reconnaître le génocide congolais ?

 

Julien Paluku Kahongya, ancien gouverneur du Nord-Kivu, province qu'il a gérée pendant 12 ans dans des situations similaires à celles que vit actuellement les habitants de Goma se dit affecté par cette catastrophe humanitaire occasionnée par cette situation qu'il qualifie de carnage.

« Les points d'entrées, selon lui étaient la frontière rwandaise aux bornes 11,12 et 13 puis par la petite barrière. A cet effet, des massacres sélectifs ont été organisé par l'armée rwandaise dans la ville de Goma comme ce fut le cas de l'épuration ethnique lors des massacres des  Kishiche, Rugari, Ntamugenga, Jomba, Tongo, Kichanga, Kibirizi, Nyanzale et dans les zones occupées par les rebelles du M23. Aussi, des militaires congolais qui avaient des drapeaux blancs au port de Kituku et dans d’autres sites ont été tous massacrés par l'armée rwandaise en violation du droit international et du droit de la guerre, ajoute l’élu de Lubero Julien Paluku Kahongia».

Jusqu'à quel degré de cruauté reconnaîtra-t-on le génocide commis par l'armée rwandaise sur le sol congolais ? Faut-il diligenter une enquête internationale dans la province du Nord-Kivu ?

La Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO) et le Comité International de la Croix Rouge (CICR) détiennent les données : « témoignages, vidéos et photos » horribles sur les affres des conflits armés à l’Est de la RDC. Les médias internationaux se taisent face aux horreurs du génocide le plus atroce du 21ème siècle sur les populations civiles, faisant de la guerre de la RDC, une guerre sans archives et donc une guerre oubliée, précisent l’honorable Julien Paluku.

Qui est le responsable de ces conflits armés récurrents dans la région de 1994 à nos jours ?

Le sang des Congolais que verse le Président rwandais Paul Kagame pour rebondir sur la scène internationale au motif de rechercher les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) doit crier vengeance. Maintenant que l'armée rwandaise est à Rutshuru, Masisi, Nyiragongo depuis 2022, elle n'a toujours pas attrapé les moindres FDLR recherchés se questionne l’honorable Julien Paluku Kahongia. Pendant la deuxième guerre, l'armée rwandaise a occupé la partie Est de la RDC de 1998 à 2003, pendant 5 ans sans interruption au vu et au su de tout le monde. Depuis 2022, cela fait encore 3 ans d'occupation, soit 8 ans de la présence de l’armée rwandaise sur le sol congolais. C'est l'équivalent de deux mandats présidentiels aux USA.

Pendant tout ce temps, l’armée rwandaise n'a toujours pas attrapé un sujet FDLR dans la région ?

Pourquoi le monde entier se fait rouler par le chef de l’Etat rwandais Paul Kagame qui verse continuellement le sang à la dimension d'un fleuve sans qu'aucune âme ne soit sensible ? 10 millions de morts, ce n'est pas assez ? Plus de 500 mille femmes violées, ce n'est toujours pas interpellateur ?

Vous êtes de ceux qui pensent que ce sont les intérêts économiques qui sont à la base de ce manque de réaction efficace de la communauté internationale ?

Le monde retiendra au contraire que c'est plutôt le pillage des minerais congolais notamment les minerais du trois T et l'or par le régime de Kigali qui se poursuit dans le Nord et Sud Kivu à travers différents sites miniers connus : Rubaya, Numbi, Lueshe/Somikivu. Il suffit de voir actuellement l'explosion des statistiques d'exportation des minerais dits rwandais vers l'occident pour vous en rendre compte. Et malheureusement, les acheteurs finaux ne se rendent toujours pas compte qu'ils alimentent les conflits en RDC en recourant aux minerais du sang.

Kagame qui se dit avoir stoppé le génocide au Rwanda en 1994 fait pire en RDC sous le silence international qui ne prend aucune mesure pour stopper le drame auquel s'ajoute une crise humanitaire sans précédent. Plus de 5 millions de personnes sont en errance au Nord et Sud Kivu et cela n'inquiète ni ne semble préoccuper personne. Lorsque l'armée rwandaise a abattu les hélicoptères de Nations unies, tué une dizaine de soldats de la paix, coupé l'eau et l'électricité à plus d'un million de personnes, bombardé des camps de déplacés vulnérables sans défense aucune, bombardé des hôpitaux dont la Charité maternelle à Goma, cela ne suffit toujours pas aux yeux de la communauté internationale pour se saisir du dossier Kagame, renchérit Julien Paluku, gouverneur honoraire du Nord-Kivu.

Qu'attendez-vous de l'ONU qui est très sensible à la dégradation de la situation sécuritaire de l’Est de la RDC ?

Je prie instamment les nations du monde et le Conseil de Sécurité de l'ONU de se saisir de cette situation alarmante et d'agir rapidement. Sinon, l'impuissance des Nations unies face à cette cruauté humaine et ce désastre humanitaire remettra en cause la construction de la paix dans le monde. Halte contre le génocide à Goma, conclut son excellence Julien Paluku, ministre du commerce extérieur.