Josaphat Musamba, chercheur et doctorant en sciences politiques à l’Université de Gand en Belgique, estime que la suspension des activités du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) pourrait avoir des répercussions importantes sur la crise actuelle en RDC, si elle aboutit à une dissolution judiciaire.
Selon lui, la communication du ministère de l’Intérieur concernant cette suspension, motivée par l’ambiguïté du rôle du PPRD dans la crise sécuritaire à l’Est du pays, doit être accompagnée d’une décision judiciaire pour être pleinement légitime.
« Si le PPRD venait à être dissout, cela ne favoriserait pas la décrispation de la crise, mais la complexifierait davantage. De nombreuses personnes pourraient rejoindre la rébellion ou partir en exil. Je crains que cette mesure ne résolve pas directement le conflit », analyse Josaphat Musamba.
Contexte de la suspension
Le ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, a suspendu les activités du PPRD, dirigé par l’ancien président Joseph Kabila, sur l’ensemble du territoire national. Cette décision intervient au lendemain de l’arrivée de Joseph Kabila à Goma, une ville sous occupation du groupe rebelle M23.
Jacquemain Shabani a dénoncé l’« attitude ambiguë » de Joseph Kabila face à l’occupation d’une partie du territoire national par l’armée rwandaise et les rebelles de l’AFC/M23.
« Kabila n’a jamais, dans ses déclarations devant la presse, condamné cette agression », a déploré le ministre de l’Intérieur.
Le ministre a également annoncé son intention de saisir le Parquet près la Cour constitutionnelle pour porter les faits à l’attention de la justice.