Jean Bamanisa à propos des chantiers routiers : « Kinshasa, capitale des travaux éternels, on refait donc on avance ? »

Jean Bamanisa Saidi, promoteur d’Expo Béton et ancien gouverneur de la province de l’Ituri, s’est montré très critique à l’égard des travaux de voirie urbaine menés par le gouvernement. Dans une tribune publiée le dimanche 4 mai, il s’est interrogé sur l’efficacité des chantiers entrepris pour lutter contre les embouteillages qui paralysent régulièrement la capitale congolaise : « Kinshasa, capitale des travaux éternels : on refait donc on avance ? ».

Dans son texte, Jean Bamanisa pointe plusieurs causes structurelles des embouteillages, parmi lesquelles le manque de transparence dans la passation des marchés publics. Pour cet ancien gouverneur, la capitale ne résout pas ses problèmes, elle les réactive indéfiniment.

M. Bamanisa écrit : « Prenez une route, elle est déjà défoncée. C’est normal, elle a été inaugurée il y a six mois. On l’a construite sans caniveau, sur des nappes phréatiques, avec un bitume aussi épais qu’un serment politique. Puis viennent les pluies, les embouteillages, les camions surchargés, et surtout l’oubli de toute logique urbanistique. »

Il poursuit : « Pourquoi changer une méthode qui échoue si bien ? Cela reviendrait à rompre avec une chaîne de sous-traitance bien huilée, où chaque trou est un nouveau contrat, chaque coulée de béton un budget, chaque effondrement un plan d’urgence. À Kinshasa, on ne résout rien : on injecte des milliards dans l’asphalte comme on administre des calmants à un malade chronique, en évitant soigneusement tout examen clinique. »

Selon lui, les causes profondes des embouteillages résident dans l’urbanisation sauvage, l’absence de drainage, la corruption systémique, et une administration qui confond gestion et improvisation.

« Les experts le disent. Les ingénieurs le répètent. Mais les décideurs, eux, s’en tiennent à leur doctrine : on refait pour dire qu’on fait. Et quand ça casse, on recommence. Miracle : les mêmes erreurs produisent toujours le même ».

 

 

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