Trois ans d’occupation de Bunagana : Denis Mukwege déplore la souffrance des déplacés

Trois ans sont passés depuis que la cité frontalière commerciale de Bunagana dans le territoire de Rutshuru au Nord-Kivu est occupée par les rebelles du M23 soutenus par l’armée rwandaise, depuis le 13 juin 2022.  A cette occasion, le Dr Denis Mukwege déplore un triste anniversaire qui marque les trois ans de souffrance de la population congolaise, qui se déplace en masse et qui survit dans la peur sous le joug des forces d’agression et d’occupation.

S’exprimant sur son compte X, ce jeudi 12 juin, le Prix Nobel de la Paix dénonce la passivité du Gouvernement congolais et la « complicité » de la communauté internationale face à cette crise. 

Trois ans de pillage

« Cela fait trois ans que la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale de la RDC sont violées par le Rwanda pour piller à grande échelle les richesses naturelles et les minerais stratégiques congolais », déclare le docteur Denis Mukwege.

Selon lui, les forces d’occupation ont conquis progressivement de larges pans de l’Est du Congo, en installant des administrations illégales parallèles, démontrant leur volonté d’annexer les provinces du Nord et du Sud-Kivu.

Le prix Nobel de la paix déplore la complicité des autorités :  

« Cela fait 3 ans que le Président de la RDC et le Gouvernement congolais affirment prendre leurs responsabilités pour libérer les zones occupées alors que les autorités de la République n’ont jamais déployé la volonté politique nécessaire pour réformer notamment le secteur de la sécurité, et sont donc en grande partie responsables de la dégradation sécuritaire et de son impact désastreux tant sur la situation humanitaire que celle des droits humains ».

Echec des tentatives diplomatiques

Pour lui,  la population martyre du Kivu paye le lourd tribut de la diplomatie régionale erratique et de la défaillance de la gouvernance sécuritaire du régime de Kinshasa, caractérisée par l’absence de planification, le défaut de vision stratégique, et le recours à l’externalisation par des partenariats militaires bilatéraux et régionaux fluctuants, ainsi qu’avec des groupes armés non étatiques mal formés et des sociétés privées de sécurité, contribuant à une militarisation dangereuse de la région et à un risque d’embrasement régional.

Le Dr Denis Mukwege rappelle que cela fait trois ans que les tentatives diplomatiques visant à la désescalade et à faire taire les armes ont toutes échoué à obtenir un cessez-le-feu et le retrait des forces illégales d’occupation, malgré l’adoption tardive mais importante le 21 février 2025 de la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations unies. Celle-ci, selon lui, doit servir de cadre aux efforts de sortie de crise et au retour de la paix.

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