Haut-Katanga : Gouvernement et députés nationaux unis pour résoudre la crise institutionnelle

Le gouvernement Suminwa et les élus du Haut-Katanga s’engagent à travailler ensemble afin de trouver rapidement une issue à la crise institutionnelle qui secoue cette province depuis plusieurs jours, autour de la gestion du Gouvernorat et de la mairie de Lubumbashi. Mercredi 3 septembre, le vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières, Jacquemain Shabani, a reçu le caucus des députés nationaux de la province pour des échanges décisifs.

Selon Serge Khonde, président du caucus, deux préoccupations majeures ont été abordées :

  • L’absence d’autorité à la tête du Gouvernorat du Haut-Katanga
  • Le désordre administratif à la mairie de Lubumbashi

« La population veut savoir exactement ce qui se passe… Nous avons été mandatés pour porter ces préoccupations », a déclaré Serge Khonde.

Le ministre Shabani a assuré que les deux dossiers sont en cours de traitement et que des résolutions concrètes interviendront prochainement, l’objectif étant de rétablir la paix et la quiétude dans la province. Les députés nationaux ont, de leur côté, promis d’accompagner le gouvernement central jusqu’au rétablissement complet de la stabilité.

Un double blocage institutionnel

La situation actuelle du Haut-Katanga est le résultat de deux crises parallèles:

  • Gouvernorat du Haut-Katanga

En juillet dernier, le gouverneur Jacques Kyabula a été rappelé à Kinshasa par le ministère de l’Intérieur dans un contexte de tensions politiques. Les motifs exacts de sa convocation n’ont pas été précisés. Selon Jacquemain Shabani, le dossier est « en pleine instruction » et aucune date de retour à Lubumbashi n’est fixée.

L’intérim est assuré par le vice-gouverneur, mais cette absence prolongée alimente les spéculations, certains craignant un scénario similaire à celui du Lualaba, où le gouverneur n’avait jamais repris ses fonctions après un rappel à Kinshasa. Avant ce rappel, Jacques Kyabula était resté invisible pendant plus de deux semaines, sans que l’opinion publique ne soit informée de sa localisation ni des raisons de son absence.

  • Mairie de Lubumbashi

En janvier dernier, Joyce Tunda a pris la tête de la mairie de Lubumbashi comme intérimaire, après l’élection du maire titulaire, Kazembe Shula, au poste de vice-gouverneur du Haut-Katanga. Mais en février, le ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, a nommé un autre maire intérimaire : Patrick Kafwimbi.

Joyce Tunda a alors saisi la justice, le 18 juin, par le biais du Conseil d’État, contestant l’arrêté ministériel. C’est le début d’un bras de fer administratif et d’un feuilleton judiciaire entre les trois parties.

Par son ordonnance du 17 juillet, le Conseil d’État a annulé la nomination de Patrick Kafwimbi, estimant qu’elle constituait une violation des dispositions légales, notamment l’article 126 de la loi de 2008 relative à l’organisation des entités territoriales décentralisées, ainsi que le décret-loi de 1998 régissant le statut des autorités de l’administration territoriale.

Le Conseil d’État rappelle que, selon la loi, seul le Président de la République, sur proposition du ministre de l’Intérieur, est habilité à nommer les autorités locales.

Cependant, Patrick Kafwimbi a ignoré cette décision et a poursuivi son travail à la mairie.

Le 1er septembre, la justice a officiellement réinstallé Joyce Tunda Kazadi dans son bureau comme maire intérimaire, en exécution de l’ordonnance du Conseil d’État rendue le 17 juillet. Malgré cette décision « opposable à tous », Patrick Kafwimbi s’est de nouveau présenté à son bureau le jour même, créant une situation de double pouvoir et un bras de fer politico-administratif entre trois figures — Joyce Tunda, Patrick Kafwimbi et Jacquemain Shabani — toutes issues de l’UDPS, parti politique au pouvoir en RDC.

À ce jour, le Conseil d’État reproche au ministère de l’Intérieur de ne pas avoir exécuté son ordonnance, ce qui inquiète la société civile locale, soucieuse du bon fonctionnement de l’institution municipale.