Appel pour la réintégration sans exclusion des survivants d’Ebola dans la communauté à Bulape


Après le succès de la riposte contre l’épidémie d’Ebola dans le groupement de Bansue, territoire de Bulape, au Kasaï, la question de la réinsertion sociale des anciens malades se pose avec acuité. Le chef du groupement de Bansue, Sylvain Bidiaka Bope, se veut rassurant. Selon lui, les anciens malades guéris d’Ebola ont été réintégrés sans exclusion dans leur milieu de vie.

Grâce à un travail de sensibilisation mené par l’équipe technique de riposte, composée de l’OMS et de ses partenaires, les anciens malades d'Ebola reprennent une vie normale dans leur communauté. 

Le chef du groupement de Bansue, Sylvain Bidiaka Bope assure que cette communauté a surmonté la peur de la maladie et accueille avec dignité et compassion les malades guéris. 

« Tous ceux qui sont guéris sont en parfaite santé. Bien que certains soient encore un peu maigres, il n’y a plus de crainte. L’équipe de riposte nous a rassurés qu’ils ne constituent plus un danger. Nous les avons accueillis et ils vivent parmi nous sans exclusion », a déclaré Sylvain Bidiaka Bope.

Il reconnaît qu’au début, la peur et la méfiance dominaient, mais grâce aux instructions claires des experts sanitaires, la population a compris que les personnes guéries ne sont plus contagieuses. Cependant, des survivants racontent que cette peur persiste encore.

Une réinsertion difficile

Bien qu’ils aient vaincu la maladie à virus Ebola, plusieurs anciens malades de la zone de santé de Bulape continuent de faire face à une stigmatisation persistante au sein de leurs communautés. Certains sont isolés, évités, voire exclus de la vie sociale, malgré leur guérison confirmée.

Témoignage d’un survivant : « Je suis guéri, mais rejeté ».

Un ancien patient, sorti de l’hôpital il y a un mois, témoigne sous anonymat :

« Je suis l’un des premiers guéris. Mais jusqu’à présent, ma famille et ma communauté me craignent. Ils ne veulent pas manger avec moi, pensant que j’ai encore la maladie. Je suis isolé, je mange seul. J’ai perdu tous les membres de ma famille à cause d’Ebola et je n’ai pas les moyens de survivre. Le gouvernement doit nous aider. Depuis notre sortie, il n’y a aucun suivi. Nous sommes abandonnés ».

Ce témoignage met en lumière les séquelles sociales et psychologiques que subissent les survivants.

Les autorités sanitaires rassurent

Face à cette situation, le Docteur Dieudonné Muamba, directeur général de l’Institut national de santé publique, appelle à l’acceptation des survivants par leurs communautés :

« Ces personnes ne constituent plus un danger. Une fois guéries, elles peuvent être accueillies sans crainte et reprendre leurs activités normales. Nous travaillons avec les leaders communautaires pour les sensibiliser et faciliter la réintégration des survivants ».

Il rappelle que des manifestations d’accueil ont été organisées pour les premiers guéris, afin de briser les peurs et les préjugés.

Alors que la riposte médicale a permis de sauver des vies, la réinsertion sociale reste un défi majeur pour les autorités et les partenaires humanitaires.

Un message d’unité et de solidarité

Le chef de groupement appelle ses administrés à ne pas céder à la stigmatisation, et à considérer les anciens malades comme avant. Il insiste sur l’importance de l’unité communautaire pour tourner la page de l’épidémie et reconstruire ensemble.

Le dernier patient d’Ébola hospitalisé au centre de traitement de Bulape, dans la province du Kasaï en République démocratique du Congo, a été déclaré guéri et a quitté le centre dimanche 19 octobre 2025. Cette sortie déclenche un compte à rebours de 42 jours, période après laquelle l’épidémie pourra être officiellement déclarée terminée, à condition qu’aucun nouveau cas ne soit détecté durant ce laps de temps, selon l’OMS.

Depuis la déclaration de l’épidémie le 4 septembre 2025, 64 cas ont été enregistrés, dont 53 confirmés et 11 probables. À ce jour, 19 patients sont guéris et aucun nouveau cas n’a été signalé depuis le 25 septembre.
 

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