Kinshasa, à l’instar des principales villes de la RDC, arbore le rouge et le noir, traditionnelles couleurs de la Saint valentin. La fête des amoureux a pris une grande ampleur dans le pays ces dernières années. Concerts de musique, rendez-vous aux restaurants…la créativité des Congolais semble intarissable chaque 14 février. Cependant, les ONG sensibilisent et préviennent : « gare au dévergondage ! »
«C’est le jour où mon ami doit me prouver qu’il m’aime réellement et que je suis la seule à compter dans sa vie plus que tout », déclare Fifi, 23 ans, habitante de Yolo, un des quartiers « chauds » de la capitale congolaise. Elle affirme que sa soirée en amoureux commencera par quelques verres de bière au Bon marché (un autre quartier chaud de Kinshasa). Fifi et son ami prévoient d’atteindre le point culminant de leur soirée dans un « hôtel » du même quartier. « Il m’avait invité au bloc commercial de Bandal. J’ai refusé. C’est un milieu trop populaire. J’ai réussi à le convaincre de partir au bon marché. Là bas, on peut trouver des discothèques de très bonne qualité comme Estoril Sun, par exemple », raconte Fifi, impatiente de rencontrer son prince charmant.Comme Fifi et son ami, beaucoup de couples, mariés ou pas, ont prévu des sorties en amoureux.
Les fleuristes et les vendeurs de cartes des vœux ont réalisé des bonnes affaires ces 48 dernières heures à Kinshasa. « En début de semaine, il n’y avait pratiquement pas d’acheteurs. Ils ont commencé à affluer hier tôt le matin. J’ai épuisé tout mon stock ce dimanche, peu avant midi », explique un fleuriste rencontré au Rond-point victoire, en plein centre de Kinshasa.
Le rouge et le noir, il y en a eu pour tous les prix. Ceux qui ne pouvaient s’approvisionner dans les magasins chics de la ville se sont rabattus sur la friperie. « C’est vrai que dans les boutiques, les habits coûtent un peu plus chers. Mais il se pose aussi un problème de qualité. Je me suis approvisionné à la friperie parce que là les habits sont de meilleure qualité », confie Joe.
Alors que l’effervescence pour la Saint Valentin monte à Kinshasa et dans les grandes villes du pays, les ONG redoutent l’escalade de la transmission des maladies sexuellement transmissibles et du VIH/SIDA. A cause du libertinage sexuel observé pendant cette célébration, surtout parmi les jeunes. À Lubumbashi, par exemple, l’ONG « HIS NETWORK », une organisation de lutte contre les violences sexuelles et le VIH/SIDA, mène une campagne de sensibilisation des jeunes et des parents depuis vendredi. La célébration de la Saint Valentin expose les jeunes à la dépravation des mœurs et au risque de contracter le VIH/SIDA, selon les responsables de cette ONG. C’est pourquoi, elle a appelé les parents à prendre conscience de ce danger et à protéger leurs enfants. Cette campagne est menée en collaboration avec la coordination des écoles catholiques. Des dépliants sont distribués aux jeunes de Lubumbashi. Ces documents les mettent en garde contre les risques encourus à avoir des relations sexuelles non protégées.
A Mbandaka, une ville du Nord de la RDC, le Forum interuniversitaire et de la Jeunesse pour le développement et la bonne gouvernance, sensibilise aussi les jeunes au site Trawa du quartier Bongondjo. Grâce à l’appui de la section de l’information publique de la Mission de l’ONU en RDC, les jeunes de Mbandaka sont conviés à partager un rafraîchissement autour de l’échange sur les dangers de la dépravation sexuelle.
En l’espace d’une soirée, des millions des jeunes congolais veulent oublier les incertitudes de la vie d’un pays qui peine à se relever, affirment les observateurs. Sagesse et prudence, pour une bonne Saint valentin. Tels sont les maîtres mots de la soirée, déclarent les mêmes observateurs.