Il y a 20 ans, le Maréchal Mobutu lançait la démocratisation

24 avril 1990-24 avril 2010, cela fait exactement 20 ans, depuis que feu président Mobutu décrétait le processus de démocratisation en RD Congo.

Ce processus avait abouti, 16 ans après, à l’organisation des élections générales dans le pays. Comment est-on arrivé aux élections de 2006? Quelles  sont les péripéties historiques de cette longue transition ?

Contraint par le vent de la perestroïka qui soufflait en Europe de l’Est, le président Mobutu décide le 24 avril 1990, de tenter, selon ses propres termes, l’expérience du pluralisme politique. Il propose au pays 3 partis politiques, mais se retrouve face à plus de 400 partis.

Pour cette démocratisation, le régime Mobutu organise la Conférence nationale souveraine. L’issue de celle-ci n’est pas heureuse. La constitution et le calendrier électoral qu’elle élabore souffrent dans leur exécution.

Six ans après, des débats constitutionnels stériles, la rébellion éclate dans l’Est du pays. Le maréchal Mobutu  est chassé du pouvoir. Laurent-Désiré Kabila prend la direction du pays le 17 mai 1997.

Commence alors la deuxième transition. Le processus de démocratisation est à nouveau interrompu par la décision du nouvel homme fort de Kinshasa de suspendre les activités des partis politiques.

Par cette attitude, Laurent-Désiré Kabila s’attire des ennuis. Des rebellions armées éclatent aussi contre son pouvoir à travers tout le pays.  Ce conflit armé va impliquer les armées d’au moins six pays africains.

Et pour sortir de cette situation chaotique, un accord de cessez-le-feu est signé à Lusaka en 1999. Il recommande la tenue d’un dialogue intercongolais.

Ce dialogue  est tenu en Afrique du Sud en 2002. Il détermine le partage du pouvoir et programme les élections.

La troisième transition commence en 2003. Cette transition se termine en 2006 avec l’organisation des élections générales qui portent Joseph Kabila au pouvoir. Elles mettent ainsi fin à la querelle de légitimité en RDC.

Réactions

Christophe Lutundula Apala, ancien vice-président de l’Assemblée nationale estime que « la démocratie est un processus qui se construit,  pierre par pierre, brique par brique comme les cathédrales du Moyen âge ; il faut de la patience.

Interrogé sur le 20e anniversaire de ce processus, le député national Christophe Lutundula, qui a occupé aussi dans le passé le poste de deuxième vice-président de HCR-PT, Haut Conseil de la République parlement de transition, pense que le pays a franchi le pas vers la démocratie, il reste seulement à la consolider:

Le 24 avril 1990, le Congo a franchi un pas décisif vers la démocratie. Bien sûr qu’il y a eu des ratés, les plus remarquables ce sont ces guerres que nous avons connues à partir de 1997 jusque pratiquement vers 2003 où nous avons commencé la transition. Cela ne signifie pas qu’on n’ a pas réalisé des progrès. La démocratisation est un processus qui se construit.

Pour le député Lutundula, l’important aujourd’hui est qu’on a franchi le pas et il faut le consolider par le rétablissement d’un Etat de droit.

Le sénateur Henri Lokondo a un tout un autre regard. « Du 24 avril 1990 au 24 avril 2010, notre démocratie ne fonctionne pas», estime-t-il.

Selon lui, la justice est le socle de toute démocratie. Mais la justice congolaise, poursuit-il, est à double vitesse avec comme corollaire des jugements iniques, des arrestations arbitraires.

Pour arriver à la vraie démocratie tant attendue, il recommande le respect des libertés fondamentales et la restauration d’une  justice pour tous.