RDC: affectation des nouveaux magistrats, des problèmes surgissent


Magistrats (Photo d

Près d’une semaine après leur affectation, plusieurs nouveaux magistrats envoyés en poste dans les provinces tournent encore les pouces à Kinshasa, faute de moyens de déplacement, alors que ceux qui vont prester sur place dans les juridictions de la ville sont confrontés à un déficit des structures d’accueil et de la logistique.

Certains de ces nouveaux magistrats ont été aperçus mercredi 22 septembre devant le Cour suprême de justice. Ils attendaient leurs lettres de notification. L’un d’eux, substitut du procureur de la République affecté à Matadi, dans le Bas-Congo s’est plaint:

«Nous sommes contents des affectations, mais pas tout à fait. Parce que, juste après les affectations, on devait passer retirer les frais d’affectation et le salaire. On n’a pas d’argent. La question que nous nous posons est celle si le gouvernement a débloqué de l’argent pour le déplacement des magistrats. Nous sommes surpris qu’on fasse marcher les magistrats. On devait d’abord commencer par la notification des magistrats. Il y a eu un groupe de collègues qui ont été notifiés, c’est comme si ça se fait en catimini.»

Autre problème: dans certaines villes du pays, y compris Kinshasa,  capitale de la RDC, où plusieurs magistrats ont été affectés, des  nouvelles infrastructures d’accueil n’ont pas été aménagées.

Ce qui fait croire à une pléthore du personnel. C’est le cas du parquet de grande instance de Matete à Kinshasa. Aux trente six anciens magistrats qui y prestent déjà s’ajoutent soixante cinq nouveaux.

Un ancien magistrat raconte:

«Vous voyez vous-même l’exiguïté du bureau. Et lorsque nous sommes arrivés ici à Matete, nous avons trouvé ce bureau dans un état très crasseux. Nous l’avons aménagé. Avec ma petite table de 1m 30, quelques chaises en plastique, je vais accueillir les nouveaux magistrats où? Même la table ici, j’ai la facture, c’est moi qui l’ai achetée à 150 dollars. C’est moi qui l’ai réfectionnée, j’ai acheté la peinture. Les chaises sur lesquelles nous sommes assis, c’est nous-mêmes. Les rideaux que vous voyez ici, c’est nous-mêmes. Avec nos petits moyens que l’Etat nous donne comme salaire. Nous sommes obligés de travailler dans ces conditions dans lesquelles l’Etat nous place. Vous sentez que ça pue du matin jusqu’au soir, et nous tombons souvent malades. Vous voyez dans quell état se trouve le parquet de Matete. »

Pourtant, selon le secrétaire permanent du Conseil supérieur de la magistrature, Jean Ubulu, on ne peut pas parler de la pléthore dans les juridictions, à Kinshasa comme dans d’autres villes, par rapport aux nombreux dossiers judiciaires à traiter.

Il a déclaré:

«Dans différents parquets que vous retrouvez ici à Kinshasa, il y a beaucoup d’affaires qui sont en souffrance. C’est pour cette raison que nous avons jugé opportun d’y affecter plusieurs magistrats afin que les dossiers en souffrance trouvent une issue rapide. Voilà ce qui explique ce que vous entendez par pléthore. D’autre part, on ne peut pas affecter à l’intérieur du pays le même nombre qu’ici, parce que vous n’avez pas les mêmes structures d’accueil. Nous avons plus de 900 magistrats.»