Fraude minière en RDC: une enquête démasque 59 compagnies fictives

Des camions chargés des minerais bloqués sur la route de Kolwezi dans la province du Katanga/RDC, 11/03/2011.

Cinquante neuf compagnies fictives exploitant frauduleusement les minerais de la RDC sont basées dans les îles vierges britanniques et à Gibraltar, révèle une enquête menée par le parlementaire britannique Eric Joyce. Son ONG Free Fair DRC a rendu public les résultats de cette enquête, lundi 28 mai, à Kinshasa.

Le représentant spécial de Free Fair DRC, Herman Nzeza, a précisé qu’une bonne partie de ces compagnies appartient à un homme d’affaires juif qui entretiendrait des relations d’amitié avec le sommet de l’Etat congolais: 

«Nous avons [en RDC] un gouvernement qui vend secrètement les ressources de l’Etat aux soi-disant compagnies, à des prix fortement en dessous de leur valeur réelle. Ces sociétés fictives n’investissent pas. Elles finissent par vendre ces ressources naturelles, aux plus gros intérêts, à des compagnies minières qui les exploitent et en font des bénéfices [sans indiquer les noms de ces entreprises].»

 Ces entreprises fictives continuent à percevoir ainsi, chaque année, des millions de dollars américains, a poursuivi Herman Nzeza, précisant que certaines d’entre elles apparaissent à la Bourse de Londres.

Il a, par ailleurs, lancé un appel aux politiques congolais et à la société civile de lutter pour la transparence dans le secteur minier en RDC:

«Nous venons d’adresser une lettre ouverte à Aubin Minaku, président de l’Assemblée nationale, lui demandant de constituer une commission d’enquête pour statuer sur les personnalités étrangères et congolaises qui exploitent le secteur minier en RDC.» 

A la veille des élections présidentielle et législatives de novembre dernier à Damas, le député Eric Joyce avait publié les résultats d’une enquête similaire dans laquelle il accusait les dirigeants politiques congolais d’avoir fait perdre à l’Etat 5,5 milliards de dollars américains en sous-évaluant les contrats miniers contractés avec des sociétés fictives des îles vierges britanniques.

Ces genres d’allégations ne sont pas nouveaux. Au mois de juillet 2011, l’ONG Action contre l’impunité pour les droits humains (ACIDH) avait publié un communiqué pour dénoncer «la vente en catimini» par la Gecamines de ses parts dans les sociétés minières Mutanda Mining et Kansuki Sprl, assossiées respectivement aux sociétés Actifs rowny ltd et Biko Invest, liées à l’homme d’affaire israélien Dan Gertler. Ces transactions avaient été révélées dans un document du groupe Glencore, publié lors de son introduction à la Bourse de Londres au mois de mai 2011.

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