RDC : le gouvernement suspend l’expulsion des Mbororos de la Province Orientale

Enfant Mbororo, gardien du troupeau. Photo marinou.skynetblogs.be

Le gouvernement congolais a décidé de suspendre les opérations d’expulsion des Mbororos, des éleveurs armés originaires du Tchad et du Soudan qui cherchent des pâturages pour leur bétail en Province Orientale. Le ministre de l’Intérieur, Richard Muyej Mangez, l’a annoncé samedi 27 août aux autorités et responsables des services de sécurité du territoire d’Ango, dans la même province. Selon lui, la RDC doit s’assurer que ces expulsions ne violent pas les lois internationales auxquelles elle a librement souscrit.

Les opérations d’expulsion étaient menées par les Forces armées de la RDC (FARDC).

Se basant sur le rapport d’enquête d’une ONG locale, la société civile d’Ango accuse les Mbororos de plusieurs exactions, dont des meurtres, des pillages et des destructions méchantes.

« La population exploite la forêt à travers les champs, la pêche, la chasse et la cueillette. Et cela devient pratiquement impossible de fréquenter la forêt », a déclaré un responsable de la société civile.

Selon un prêtre catholique de la cité d’Ango, le bétail de ces éleveurs ravagent impunément les récoltes des paysans et ces éleveurs ravissent aussi des vivres à la population.

La société civile de Dingila, dans le territoire de Poko, à plus de 500 Km au nord de Kisangani, a rapporté que les éleveurs Mbororo ont tué vingt personnes et blessé quatre autres dimanche 24 juin dernier à Angari, une localité voisine à la leur.

De son côté, le commandant second du 911e bataillon des FARDC, John Tokoti, rapporte que, depuis juin dernier, les Mbororos ont incendié une dizaine de maisons dans le territoire d’Ango.

La décision d’expulser les éleveurs Mbororo a été prise localement suite aux problèmes posés par la cohabitation entre ces éleveurs et les populations locales.

Face à ces plaintes, le ministre Richard Muyej a indiqué que le gouvernement prendra « des mesures nécessaires pour l’intérêt de la nation tout en tenant compte de ses engagements internationaux ».

« Nous allons approfondir la réflexion à Kisangani pour certaines dispositions urgentes, mais pour les dispositions finales je suis obligé de m’en remettre au gouvernement », a-t-il affirmé.

Le ministre de l’Intérieur a demandé à l’administrateur du territoire d’Ango, à la police et à l’armée de « ne pas créer un autre front » dans cette partie de la République en déclarant la guerre à ces éleveurs.

« Pour le moment, tous les efforts du gouvernement sont concentrés sur la situation dans les Kivu », a-t-il indiqué.

C’est vers 1982 que ce peuple nomade et pastoral en provenance du Tchad et du Soudan s’est installé en masse dans la Province Orientale à la recherche de pâturages et de terres fertiles, avant d’être expulsés une première fois en 2010.

A l’issue de l’opération d’identification et de recensement initiée par le gouvernement provincial en mai dernier, près de 5 000 Mbororo avaient été enregistrés avec plus de 90 000 têtes de bétail dans les districts du Haut-Uélé et du Bas-Uélé.

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