Roger Lumbala : « Je constitue maintenant un élément de distraction pour le gouvernement congolais »

Réfugié en France après avoir été interpellé par les services de sécurité burundais, Roger Lumbala déclare que sa personne est un élément de distraction pour le gouvernement congolais. Dans une interview accordée à Radio Okapi, le député de l’opposition promet de rentrer à Kinshasa pour affronter ses accusateurs. Il fustige aussi « l’élimination » des opposants sur la scène politique.

Radio Okapi : Roger Lumbala, où êtes-vous présentement ?

Roger Lumbala : Je suis à paris en France.

Vous êtes à Paris mais on dit vous avoir vu à Kigali avant d’être interpellé à Bujumbura par les services de sécurité burundais.

Je crois que Roger Lumbala, on le voit partout. J’étais à Kinshasa, on me voit à Kampala. Je suis à Paris, on me voit à Kigali. Je crois que je constitue maintenant un élément de distraction pour le gouvernement congolais au lieu de s’occuper de la guerre dans l’Est.

Pourquoi avez-vous été interpellé ?

Pourquoi j’ai été interpellé ? Je suis arrivé au Burundi plus précisément à Bujumbura. J’y ai passé plusieurs jours avant de chercher à quitter la capitale burundaise le 1er septembre. On m’a interpellé pour me poser la question si réellement je travaille avec le M23. Parce que le gouvernement de Kinshasa avait demandé qu’on interpelle Lumbala et Mbusa Nyamwisi [un ancien ministre du gouvernement Muzito qui a basculé dans l’opposition avant la tenue des élections de 2011] s’ils sont dans les parages de Bujumbura. Les autorités burundaises m’ont interpellé de 14h à 20h. Ils ont pris mon passeport, mes téléphones, et mon sac, mon iPad. Ils ont tout fouillé et ils n’ont rien trouvé, après ils m’ont relâché.

Mais le gouvernement qui vous accuse de connivence avec le M23 dit que vous avez déclaré beaucoup de choses en rapport avec ce groupe rebelle pour déstabiliser la RDC pendant votre interrogatoire à Bujumbura.

Pas du tout. Si j’étais passé aux aveux, comme ils [les dirigeants de la RDC] le disent; quelqu’un qui est interpellé et qui passe aux aveux est-ce qu’on le relâche après ? C’est ça la contradiction. Je ne suis pas du M23. Je ne suis pas en contact avec les amis du M23. Je souhaite que le gouvernement s’occupe de la reforme de l’armée que de chercher des boucs émissaires.

Pendant que Kinshasa accuse Kigali d’agression et que l’on voit un opposant que vous êtes dans les paragse de Kigali, est-ce que cela ne peut pas prêter le flanc à ceux qui vous accusent ?

Comme je vous ai dit au début de cette interview, quand je suis à Kinshasa, la bande passante d’une chaine de télévision de mensonge émettant à Kinshasa affiche que je suis à Kampala. Quand on veut construire, on n’accuse pas les autres. Quand on veut construire, on ne cherche pas les boucs émissaires. Roger Lumbala est libre d’aller partout, où il veut en tant que citoyen du monde. Mais, cela ne veut pas dire que je suis allé à Kigali.

Roger Lumbala ne se reproche de rien mais pourquoi il demande un asile politique, pourquoi veut-il se faire réfugié politique ?

Roger Lumbala ne fait qu’effleurer le danger. A partir du moment où les responsables des services de documentation qui m’ont interpellé le 1er septembre à 14h, prennent un avion à 23h pour aller à Kinshasa, je me dis qu’il y a un danger. Et pendant ce temps à Kinshasa on faisait déjà passer des bandes passantes et des émissions comme quoi Roger Lumbala était à Kigali. C’est la raison pour laquelle je me suis éclipsé. Je suis allé me réfugier à l’ambassade de l’Afrique du Sud. Parce qu’à 23h, un avion est arrivé avec des responsables de l’ANR [Agence nationale de renseignement de la RDC] pour me chercher et me ramener à Lubumbashi. J’ai compris qu’il y avait une cabale qui s’était organisée contre moi. Mais après j’ai fait comprendre aux autres que je n’y suis pour rien.

Allez-vous rentrer à Kinshasa ?

Je rentre à Kinshasa, je rentre à Kinshasa pour m’affronter à tout celui qui a des preuves contre moi. Je suis tout à fait convaincu qu’ils vont se dérober. Ce n’est pas la première fois qu’ils portent des accusations contre moi. Je suis député de la de la République démocratique du Congo et je souhaite continuer mon travail comme il se doit. Parce qu’aujourd’hui nous avons un réel problème il y a une crise politique profonde en RDC et cette crise doit trouver une solution. On ne peut pas commencer à éliminer un député de l’opposition un après l’autre. Sinon, nous irons tous à l’abattoir.

Vous dites que vous allez rentrer au pays, ça sera quand ?

Je m’apprête. Je dois voir les médecins. C’est en fonction de ce que les médecins vont me prescrire comme médicaments que je me prononcerai. Mais il faut aussi une garantie. Soyons quand même prudent, il faut une garantie que les services de sécurité ne vont pas me dérange sur le terrain. J’ai aussi appris que le procureur général de la République a demandé des poursuites contre Roger Lumbala. Moi je veux bien que je sois poursuivi. Je suis un citoyen comme tout autre citoyen mais il faut que ça soit sur une chose bien précise. Que ça ne soit pas formaté sur base des idées politiciennes d’élimination des opposants politiques.

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