Buabua wa Kayembe: « La langue française doit être un véhicule de la production des biens »

Les autorités congolaises et les membres du comité organisateur visitent les pavillons à l’ouverture du village du XIVe sommet de la francophonie le 9/10/2012 au stade des martyrs à Kinshasa. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo

Le premier forum des entreprises et investisseurs du monde francophone s’est clôturé mardi 9 octobre à Kinshasa. Ces assises organisées à l’occasion du XIVe sommet de la Francophonie avaient pour but de rapprocher les acteurs économiques du monde francophone pour étudier les opportunités d’investissement à l’instar d’autres blocs linguistiques qui développent aux côtés des enjeux culturels et politiques une coopération économique. Le professeur Bwabwa wa Kayembe, président de l’Agence nationale pour la promotion des investissements de la RDC (ANAPI), a supervisé ce forum.

Radio Okapi : Professeur Buabua wa Kayembe, d’où est venue l’idée d’un forum économique en marge du sommet de la francophonie ? Et quelles sont les recommandations que vous avez faites ?

Professeur Buabua wa Kayembe : L’idée est venue de chefs d’Etat francophones. Ils avaient décidé qu’à chaque fois qu’il y a un sommet politique, qu’il soit organisé en marge un forum économique.

Parmi les recommandations, nous avons proposé la création d’une banque de développement, la création d’un réseau d’agences d’investissement francophone, la mise en place des mesures d’appui aux petites et moyennes entreprises etc.

Cela confirme que les pays francophones ne s’entraident pas assez ?

Effectivement les pays francophones vivent en autarcie. Maintenant par rapport aux enjeux et défis auxquels nous sommes confrontés, nous devons nous souder en tant que pays qui parlent la langue française. Et je crois que la prise de conscience est très forte, nous allons faire en sorte que la langue française soit un véhicule, non seulement de la culture mais aussi un véhicule de l’économie, de la production des biens et services.

Vous avez dit à l’ouverture de ce forum que l’économie est un pilier pour assurer un avenir meilleur à l’organisation à la suite du président Diouf. Mais il n’y a pas eu assez des participants à ce forum. Comment expliquez-vous ce manque d’engouement ?

Il s’agit d’un problème organisationnel. Car, les participants devaient supporter leurs frais de voyage. Nous avons été confrontés à une question d’argent car, beaucoup de gens ont sollicité des billets d’avion et des frais de séjour que nous n’avons pas été en mesure de donner. Mais il y a eu tout de même plus de 500 personnes dans la salle.

Beaucoup plus des Congolais que des étrangers de l’espace francophone

Oui, plus des Congolais bien sûr, mais nous avons reçu des délégations venues de la Côte d’Ivoire, du Benin, du Burundi, du Congo Brazzaville, de la France, de la Belgique et du Canada. Nous croyons pouvoir faire mieux la prochaine fois pour permettre à tous ceux qui voudraient venir à Kinshasa et participer au sommet pendant une semaine de ne pas rater cette opportunité. Mais pour la première fois, c’était intéressant.

Les débats ont donné l’impression de ne concerner que la situation de la RDC alors que cela devrait s’étendre sur le plan continental, voire tout l’espace francophone, pourquoi ?

Il est tout à fait normal vu que le débat s’est tenu au Congo et le nombre des Congolais parmi les participants était plus élevé. Il est normal qu’ils se référent à leur propre expérience pour parler de la Francophonie. Toutefois, les mesures qui en sont sorties ont une valeur universelle car l’on retrouve les mêmes réalités qui sont au Congo dans d’autres pays francophones.

Les premiers pas ont été difficiles, croyez-vous en l’avenir de ce forum économique au sein de l’espace francophone ?

Je crois d’abord en l’avenir économique de la RDC, toutes les autorités sont mobilisées pour que cela soit visible. Je crois aussi que la RDC est un pays qui voudrait vivre aux côtés des autres. C’est la raison d’être de l’engagement des moyens pour l’organisation de ce sommet. Par cet engagement des politiques, je crois en un bel avenir de ce forum. Il y a longtemps que nous sommes passés à côté de la plaque, avec des discours politiques, en se figeant à la culture qui est toujours importante, or la population a besoin d’être nourrie. Nous en sommes conscients.

Croyez-vous que la francophonie pourra rattraper son retard par rapport à d’autres groupes linguistiques ?

Le problème n’est pas de rattraper son retard mais d’aller à son rythme. L’important ici est de voir des résultats. Nous avons beaucoup d’atouts, beaucoup de ressources qui ont été explicitées ; je crois qu’avec tout ceci, nous pouvons y aller par notre propre rythme, qui peut être aussi rapide.