RDC : l’opposant Clément Kanku juge inefficaces les sanctions de l’Onu contre les dirigeants du M23

Clément Kanku, Député National du Mouvement de Libération du Congo (MLC), ce 15 mars 2011 à Kinshasa

Le député de l’opposition et président du parti Mouvement pour le Renouveau, Clément Kanku, juge inefficaces les sanctions prises le lundi 31 décembre par le Conseil de sécurité des Nations unies contre deux dirigeants de la rébellion du M23. Jean-Marie Runiga et Eric Badege sont interdits de voyager et leurs avoirs sont gelés. « Qui vous dit que ces gens là voyagent ? Est-ce qu’ils ont des passeports ? Qui vous dit que ces gens là ont des comptes en banque ? », s’est interrogé Clément Kanku ce mercredi 2 janvier.

Pour lui, Jean-Marie Runiga et Eric Badege ne sont que «  des hommes de paille ». « Les véritables commanditaires [de la guerre dans l’Est de la RDC] sont au Rwanda », a-t-il expliqué, demandant aux Nations unies de « condamner clairement le gouvernement rwandais ».

Le député a estimé que Jean-Marie Runiga, chef politique du M23, est « une création du Rwanda ». « Tout le monde sait que Runiga ne vaut que ce que le Rwanda  veut qu’il vaille. Sanctionner Runiga aujourd’hui, le Rwanda va vous sortir un autre mercenaire demain qui va faire le même travail », a-t-il affirmé.

Clément Kanku a également demandé au gouvernement congolais de protester contre « cette hypocrisie des grandes puissances qui continuent à protéger les Rwandais et les Ougandais ». Un rapport des Nations unies accuse le Rwanda et l’Ouganda de soutenir la rébellion du M23.

De son côté, le président de la société civile du Nord-Kivu-où sévit le M23- s’est dit satisfait des sanctions même s’il demande au Conseil de sécurité des Nations unies « d’aller plus loin ».

« Ces gens, il faut qu’ils soient sanctionnés de manière exemplaire. Il faut qu’ils soient jugés et condamnés pour les préjudices qu’ils causent aux populations civiles dans les zones qu’ils contrôlent », a-t-il déclaré.

Commentant les sanctions prises contre les deux dirigeants du M23 et d’autres de la rébellion rwandaise des FDLR, l’ambassadrice américaine à l’Onu, Suzanne Rice a déclaré que « ces décisions vont faciliter des progrès vers une paix durable dans l’est de la RDC », invitant les membres de ces deux rébellions à « faire défection et à se démobiliser ».

Elle a également évoqué l’éventualité de « mesures supplémentaires du Conseil de sécurité contre ceux qui persistent à fournir un appui extérieur au M23 ou à contrevenir à l’embargo sur les armes » imposé aux groupes armés actifs en RDC.

Le gouvernement congolais s’est également dit satisfait de ces sanctions. Son porte-parole, Lambert Mende, a souhaité que ces mesures prennent « la forme la plus effective possible pour donner une chance à la RDC et à toute la région des Grands lacs de retrouver la paix d’une manière durable ».

Interrogé sur l’efficacité de ces sanctions, le ministre congolais a indiqué que ces mesures, qui empêchent « aux membres d’un mouvement comme celui-là d’aller et de venir, vont avoir un impact sur tous les apprentis sorciers qui s’apprêtaient à faire comme Runiga ou d’autres ».

Les combattants de la rébellion du M23 qui sévissent dans la province du Nord-Kivu depuis le mois de mai 2012 sont accusés de plusieurs crimes contre les populations civiles.

Cette rébellion qui contrôle plusieurs localités du Nord-Kivu a entamé des pourparlers avec le gouvernement congolais le 9 décembre dernier à Kampala en Ouganda. Pourparlers obtenus en contre partie de son retrait de la ville de Goma qu’elle a occupé pendant une dizaine de jours à la fin du mois de novembre.

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