RDC : Un film sur le Sankuru interdit de diffusion par le ministre des Médias

Lambert Mende Omalanga, ministre de la Communications et médias de la RDC ce 28/07/2011 à Kinshasa, lors d’un point de presse. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo

Le film-documentaire « Sankuru, enfer ou paradis oublié ? » a été interdit de projection le 9 avril dernier par le ministre de la Communication et médias, Lambert Mende. Le journaliste indépendant et producteur de ce film, Jean-Paul Kayembe l’a déclaré à Radio Okapi vendredi 19 avril. Il a affirmé que Lambert Mende reproche à ce film d’inciter à la haine tribale alors qu’il ne fait que dresser l’état des lieux du district de Sankuru (Kasaï-Oriental). Le producteur de ce film demande une protection car il dit se sentir « en insécurité ».

Ce film devrait être projeté pour la première fois samedi 20 avril à Kinshasa, au cours d’une soirée de gala organisée par l’Association sans but lucratif «  Médias pour la vie ». Cette ASBL travaille pour la sensibilisation des populations face aux problématiques humanitaires par la production des supports médiatiques.

Le ministre de la communication et médias évoque le non-respect de la procédure administrative. Selon Lambert Mende, le producteur n’a pas fait un dépôt légal d’un exemplaire de ce film aux autorités compétentes, comme l’exige la loi congolaise.

Le producteur du film nie ce fait. Dans  une correspondance adressée au Premier Ministre, Jean Paul Kayembe a expliqué que le «  support du documentaire a été déposé pour avis de conformité au Conseil supérieur de l’Audio-visuel et de la communication ».

Le journaliste indépendant a ajouté qu’il a été surpris par cette interdiction de diffusion qui, du reste, ne lui a pas été notifiée :

« Pendant qu’on était en train d’avancer avec les préparatifs, on se réveille un matin et on se rend compte que le ministre de la Communication et des médias, sans nous notifier, notifie certaines autorités politiques pour dire que ce film fait appel à la haine tribale » explique Jean Paul Kayembe.

Pourtant, le film-documentaire « Sankuru, enfer ou paradis oublié ? » n’incite pas à la haine tribale, explique son producteur. Ce documentaire est une narration journalistique documentée, « qui propose le dialogue entre frères tetela [éthnie de cette partie du Kasaï-Orientale], le désenclavement de leur terroir et la lutte contre différents fléaux » dans le Sankuru.

Le journaliste indépendant trouve paradoxale la décision du ministre qui a lui-même contribué à l’élaboration de ce film :

« Il est lui-même acteur du film. Il nous a reçus plusieurs fois dans son bureau. On l’a fréquenté pour qu’il puisse lui-même s’impliquer dans cette forme de plaidoyer pour sauver le district du Sankuru, en tant que Sankurois et aussi en tant que ministre de tutelle. Il nous avait promis de le faire » s’étonne le journaliste indépendant.

Aujourd’hui, Le producteur du film  crie au musèlement de la presse et dénonce un abus de pouvoir, devant une « démarche n’est pas anticonstitutionnelle », dans une correspondance adressée au Premier ministre, une procédure normale dans ce genre de cas.