Le vice-président de la société civile du Nord-Kivu, Omar Kavota, a dénoncé, mardi 21 mai, la présence des militaires rwandais aux côtés des rebelles du M23 lors des affrontements qui les opposent à l’armée congolaise depuis le lundi. Il a affirmé que la reprise de ces affrontements était « prévisible », expliquant que les rebelles avaient déjà « tout planifié ». Les FARDC et le M23 ne s’étaient plus affrontés depuis le retrait de la rébellion de la ville de Goma en décembre 2012.
« C’était prévisible. Nous avons également des informations fiables que l’armée rwandaises est en appui au M23. Nous avons alerté les autorités depuis le week-end dernier sur des manœuvres du M23 visant à attaquer la ville de Goma et défier la Brigade d’intervention de l’Onu », a déclaré Omar Kavota.
Les FARDC et le M23 se sont affrontés lundi et mardi à Mutaho, à près de 10 Km au Nord de la ville de Goma occasionnant le déplacement des centaines de personnes.
Omar Kavota a indiqué qu’au début de ces combats, « plus de trois cents personnes de l’armée rwandaise ont franchi la frontière de Gasizi pour se retrouver aux cotés du M23 ».
«Ils l’ont fait à pied en traversant la localité de Kingarambe », a-t-il précisé, ajoutant que la société civile du Nord-Kivu avait plusieurs fois alerté les autorités congolaises sur la planification de ces affrontements par le M23.
« Nous pensons que les autorités ont traîné les pieds pour prendre des dispositions », a affirmé Omar Kavota, souhaitant que « des dispositions soient prises pour démanteler le M23 » avant l’arrivée de Ban Ki-Moon annoncée pour ce mercredi à Kinshasa.
Par ailleurs, Omar Kavota a demandé à la Brigade d’intervention de la Monusco « de se mettre en œuvre », indiquant que « la sécurité des milliers d’habitants de Goma et des périphéries est en danger ». Cette brigade de la Monusco est en train d’être déployée au Nord-Kivu. Elle sera constituée par des militaires venus d’Afrique du Sud, de la Tanzanie et du Malawi et sera chargée de neutraliser les groupes armés dans l’Est de la RDC.
Le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, a également fait état du soutien apporté à la rébellion par « un pays étranger ».
« Les éléments du M23 et leurs supplétifs étrangers ont été contraints de battre en retraite vers Kibati plus au Nord », a-t-il déclaré au cours d’une conférence de presse à Kinshasa.
Pour sa part, la Monusco n’a ni confirmé, ni infirmé la présence des militaires rwandais aux côtés des rebelles du M23 lors des combats avec les militaires congolais.
Plusieurs rapports des experts des Nations unies accusent le Rwanda de soutenir la rébellion du M23. Mais Kigali a toujours rejeté ces accusations.
Le M23 est une rébellion créée en mai 2012 par des mutins de l’armée congolaise issus de l’ancienne rébellion du CNDP. Le mouvement réclame la pleine application de l’accord de mars 2009 signé entre le gouvernement congolais et la rébellion du CNDP. Cet accord prévoyait notamment l’intégration des rebelles dans l’armée et la police congolaises. Les cadres civils du mouvement devraient être intégrés dans les institutions politiques du pays.
Le M23 et le gouvernement ont entamé des discussions à Kampala en Ouganda en décembre dernier. Mais ces pourparlers sont interrompus depuis la scission de la rébellion en février dernier après des affrontements qui ont opposé deux factions rivales.
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