Concertations nationales: la majorité et l’opposition boudent la démarche de Kengo

De gauche à droite, Léon Kengo wa Dongo (président de l’UFC), Vital Kamerhe (président de l’UNC), Jean-Pierre Bemba (président du MLC).

Le président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo, a annoncé, samedi 10 août à Kinshasa, la mise en place d’un nouveau gouvernement qui, selon lui, sera issu des concertations nationales. Cette annonce a créé des remous au sein de la Majorité présidentielle comme dans une frange de l’opposition.

Le député de la majorité Emmanuel Ramazani Shadari s’est dit étonné, par exemple, de l’annonce d’un gouvernement issu des concertations nationales.

Il reconnait avoir débattu, avec le présidium des concertations, de la question  d’un certain accompagnement international de ces assises mais pas d’un éventuel gouvernement.

«Si on dit que majorité, opposition et société civile: formez un gouvernement donc il n’y aura pas d’opposition et la constitution sera violée. Pourquoi allez aux concertations, dépenser de l’argent et payer des hôtels, si on veut partager le pouvoir alors qu’on peut le faire calmement ici», s’est plaint Emmanuel Ramazani Shadari.

Ce député élu de la circonscription de Kabambare (Maniema) qualifie les propos de Kengo d’un «discours politicien pour faire un clin d’œil à l’opposition».

Du côté de l’opposition, certains partis disent ne pas être concernés par la démarche de Léon Kengo. Le secrétaire général de l’Union pour nation congolaise (UNC), Jean-Bertrand Ewanga, affirme ne pas reconnaître le présidium des concertations. «Kengo joue un jeu dangereux. Au niveau de l’opposition, on n’a pas reconnu le présidium de ces concertations parce que son l’ordonnance a été prise par Monsieur Kabila pour son intérêt et pour favoriser sa majorité», a-t-il indiqué.

Le secrétaire général de l’UNC appelle le président du Sénat à se soumettre à la discipline du conclave de l’opposition.

Jean-Bertrand Ewanga accuse par ailleurs Kengo de vouloir entraîner l’opposition dans logique de l’ordonnance du chef de l’Etat.

Il estime nécessaire que la majorité et l’opposition se référent à l’accord d’Addis-Abeba et à la résolution 2098 du conseil de sécurité de l’Onu qui, selon lui, définissent toute la conduite de ces assises.

«Comme Kabila a reconnu Sassou comme facilitateur, qu’il le laisse organiser toutes choses», a conclu Jean-Bertrand Ewanga.

L’UNC à l’instar d’autres partis de l’opposition veut que la majorité au pouvoir s’engage à ne pas initier la modification des articles de la constitution qui limitent le nombre et la durée des mandats du Président de la république.

 Annoncées par le président Kabila en décembre 2012, les concertations nationales visent à «créer la cohésion nationale» face à la guerre dans le Nord-Kivu. En juin dernier, il a signé une ordonnance créant ces concertations dont la direction a été confiée aux présidents de deux chambres du parlement.

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