Nord-Kivu: la population ne veut pas d’un cessez-le-feu entre FARDC et M23, selon Julien Paluku

Des militaires congolais et des journalistes au site “trois antennes” au Nord-Kivu. Photo droits tiers.

A la veille du 7è sommet extraordinaire des chefs d’Etat des Grands Lacs qui s’ouvre jeudi 5 septembre à Kampala en Ouganda, le gouverneur du Nord-Kivu Julien Paluku demande aux dirigeants de la région de ne pas consacrer de fait la scission de la RDC en demandant aux FARDC et au M23 d’observer un cessez-le-feu. «Ce qu’on ne veut pas entendre à Goma, c’est une question de cessez-le- feu, une question d’arrêt des hostilités », a déclaré mardi Julien Paluku.

Soutenues par les casques bleus de la brigade offensive de la Mission de l’ONU en RDC (Monusco), les Forces armées de la RDC (FARDC) ont repoussé les rebelles du M23 à une trentaine de kilomètres de Goma. Cette ville stratégique du Nord-Kivu était déjà tombée entre les mains du M23 en novembre 2012. Et la menace planait sur une éventuelle reprise de la ville par les rebelles.

La Monusco et les FARDC qui avaient assuré que le M23 ne reprendrait plus Goma ont mené avec succès depuis la mi-août des opérations militaires conjointes, forçant les rebelles à abandonner des positions stratégiques à partir desquelles ils bombardaient des civils à Goma. Depuis, de nombreux habitants de la capitale provinciale du Nord-Kivu et ses environs ne jurent plus que par une victoire militaire de l’armée. Ils craignent que les pays de la Conférence internationale pour la région des Grands Lacs (CIRGL) n’imposent une nouvelle fois un cessez-le-feu  au moment où les FARDC appuyées par la brigade d’intervention prennent le dessus sur les rebelles.

C’est cette opinion que Julien Paluku a relayé à la veille du 7è sommet extraordinaire de la CIRGL :

« Nous avons vu par le temps passé comment, à chaque fois qu’il y a des sommets des Chefs d’Etat, on demande soit au M23, soit au gouvernement que chacun  garde les  positions qu’il détient. Je crois qu’il n’appartient plus aujourd’hui, dans un sommet des Chefs d’État soient-ils, de consacrer une balkanisation de fait en demandant à ce que le gouvernement laisse au M23 un territoire donné ».

De nombreux Congolais sont convaincus qu’il existe un plan de « balkanisation » ourdi par une partie de la communauté internationale pour détacher et autonomiser une portion du territoire national de la RDC. Les voisins rwandais et ougandais sont souvent indexés. Ces derniers pays ont par ailleurs été cités dans les rapports d’ONG et de l’ONU comme étant des soutiens du M23. Ce qu’ils ont toujours nié.

« Nous devons nous assurer que le sommet de Kampala va obliger le M23 à déposer les armes et libérer les espaces qu’il occupe. On ne doit pas faire comme si on a surtout pitié du M23 alors qu’on devrait avoir  pitié de la population qui souffre dans les camps des réfugiés pour qu’on soit en phase avec la volonté de la population du Nord-Kivu », plaide Julien Paluku.

Pour le gouverneur du Nord-Kivu, le grand défi à relever pour l’instant est de récupérer Kibumba et évacuer la route principale entre Goma et Rutshuru jusqu’à Kanyabayonga pour mettre la population à l’abri des exactions du M23 sur cet axe.

En visite dans la région, l’envoyée spéciale de l’ONU dans les Grands Lacs, Mary Robinson, a appelé le M23 à « désarmer ». Elle a jugé lundi que l’engagement militaire était nécessaire pour protéger les civils. Une allusion aux récentes opérations de la brigade d’intervention de la Monusco et des FARDC. Mais elle a estimé qu’il faut à présent laisser une ouverture à « solution politique » à la crise.

Accompagnée des diplomates de haut rang de l’Union africaine, de l’Union européenne et des Etats-Unis, Mary Robinson est en tournée dans les Grands Lacs. Elle participera jeudi au sommet des chefs d’Etat de la région à Kampala.

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