Une semaine après la reprise des pourparlers de Kampala, le gouvernement congolais a établi et remis à la facilitation une liste d’une centaine de chefs de troupes du M23, sur un total estimé à plus ou moins mille sept cents combattants. Ces personnes sont définitivement non éligibles au bénéfice d’une loi d’amnistie et à la réintégration des Forces armées de la RDC. C’est ce qu’a déclaré, jeudi 19 septembre, le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, au cours d’une conférence de presse qu’il a organisée à Kinshasa.
Sans citer les noms des membres du M23 faisant partie de cette liste, Lambert Mende parle notamment de trois colonels dont un condamné à la peine capitale, et deux à la perpétuité en prison à Kinshasa ainsi que de deux lieutenants colonels dont un s’est évadé.
Il justifie cette décision par « le souci d’éviter l’éternel retour à la case de départ dans la spirale des violences récurrentes que subissent les populations congolaises dans l’Est du pays ».
Selon Lambert Mende, le gouvernement s’en tient à quelques « principes clairs » dans les conclusions en gestation des pourparlers de Kampala. Il cite notamment :
- Les personnes ayant participé à plus d’une mutinerie ou mouvement insurrectionnel
- Les auteurs présumés de crimes de guerre, crimes contre l’humanité, notamment les meurtres de civils, viols et violences sexuelles
- Les personnes responsables du recrutement d’enfants soldats ainsi que celles impliquées dans la chaîne de l’exploitation illicite des ressources naturelles de la RDC
- Les personnes indexées par des sanctions nominatives de la communauté internationale ou pour violation des droits humains
- Des personnes jugées et condamnées par les Cours et tribunaux de la RDC pour activités criminelles
« C’est ainsi et ainsi seulement que nous pourrons combattre l’impunité et espérer établir une paix durable dans notre pays et dans la région des Grands Lacs », a affirmé le porte-parole du gouvernement de la RDC.
Lambert Mende a aussi révélé huit cas de fraude à la nationalité dans le chef d’activistes du M23 jouissant d’une nationalité étrangère.
Il s’agit d’un ex-général, deux ex-colonels, trois ex-Lieutenant-Colonels et Majors qui s’étaient infiltrés au sein de nos forces armées à la faveur des opérations dites de brassage et de mixage.
Le porte-parole du gouvernement s’en tient à la Constitution de la RDC pour étayer ses propos :
« La loi congolaise consacre jusqu’à ce jour le principe de la nationalité unique et exclusive. La principale condition pour faire partie des forces régulières congolaises, c’est d’être Congolais. Or, en l’état actuel de la loi, on ne peut être Congolais et jouir dans le même temps d’une autre nationalité ».
Quant à la participation des groupes armés encore actifs aux concertations nationales, le porte-parole du gouvernement congolais n’apprécie pas cette idée. Il estime que ces assises « ne doivent pas se transformer en un exercice de sacralisation des crimes et de l’impunité ».
« Imaginez un seul instant que ceux qui sont militairement défaits aujourd’hui deviennent demain les officiers pour commander ceux qui leur ont infligé cette déculottée. Il en est de même en diplomatie où la voix de notre pays pèse désormais de plus en plus. Quelle frustration dans le chef de nos vaillants diplomates si quelque criminel qu’ils avaient dénoncé était promu chef de Mission par le biais d’un tel passe-passe », s’est-il interrogé.
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