Le président de l’Union pour la nation congolaise (UNC), Vital Kamerhe et la délégation qui l’accompagnait ont été de nouveau empêchés de voyager, dimanche 9 février à l’aéroport de N’djili. Ils devraient se rendre à Goma au Nord-Kivu. Vendredi dernier, l’ancien allié de Joseph Kabila n’avait pas non plus voyagé, alors qu’il avait déjà embarqué à bord de l’avion qu’il avait déjà affrété à l’aéroport de Ndolo. Pour Kamerhe, les autorités congolaises sont décidées à le mettre en prison. Des propos balayés par le ministre de l’Intérieur, Richard Muyej, qui estime que l’opposant Kamerhe n’a pas rempli les formalités d’embarquement et « a encore occasionné un nouveau spectacle ».
« Hier [vendredi], les autorités congolaises ont prétendu que la compagnie Malu aviation avait un litige avec la RVA [Régie des voies aériennes]. Pour contourner cet obstacle, j’ai décidé de payer le billet à la compagnie CAA. Aujourd’hui, nous sommes venus, on a fini toutes les formalités. Les gens ont commencé à entrer dans l’avion, et je devrais entrer le dernier. Au moment où je suis sorti du salon, j’ai constaté que la baie vitrée était fermée [de la salle d’attente pour sortir au tarmac]. Et je demande, [on me dit que] la clef a disparu. Et on s’est débrouillé pour sortir », affirme Vital Kamerhe qui s’interroge :
« Cette fois, comment justifient-ils le fait que je sois empêché de voyager ? ».
Une fois au tarmac, Vital Kamerhe raconte qu’il a été « entouré par une multitude d’agents de la Direction générale de migration (DGM) aux pieds de l’avion » qui l’auraient même « touché au corps pour l’empêcher de monter dans l’avion ».
« La tension est montée au tarmac », poursuit-t-il, en relatant la scène.
« Quand le patron de la DGM est venu, il m’a demandé poliment de le suivre, je lui ai demandé : est-ce que je suis dans l’état d’arrestation ? Et alors, quel est le problème ? Pourquoi je ne peux pas bouger dans mon pays au moment où vous êtes en train d’amnistier des rebelles qui ont tué ? Qu’est-ce qui se passe ? Quel crime ai-je commis ? Je suis un citoyen libre quand même…Et le motif de mon déplacement je l’ai dit et si demain je dois partir pour Lubumbashi ou Mbuji-Mayi, quel autre astuce allez-vous trouver pour nous empêcher de partir? », ajoute l’ancien secrétaire général du PPRD, le parti de Joseph Kabila.
Vital Kamerhe, dit « savoir et reste presque convaincu que son acte de condamnation a déjà été signé par le président Kabila ».
Vous pouvez suivre Vital Kamerhe.
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« Nouveau spectacle »
De son coté, le ministre de l’Intérieur, Richard Muyej, dit ne pas comprendre les agissements de Vital Kamerhe :
« On s’était convenu de se rencontrer le lundi ou le mardi pour planifier son voyage parce qu’il fallait éviter d’envenimer la situation au vu des turbulences constatées suite à l’incident de Ndolo [vendredi dernier], mais voilà qu’il se rend ce dimanche à l’aéroport [de N’djili], malgré tout cela », s’étonne Richard Muyej.
Il déclare :
« J’apprécie votre démarche parce qu’il faut que l’opinion soit informée de manière objective. Vital Kamerhe m’a effectivement contacté. Il m’a envoyé deux émissaires : Claudel Lubaya et Ewanga. Et nous avons convenu qu’il était important que l’équipe de l’UNC, mes services et moi-même puissions échanger lundi ou mardi sur cette situation de manière à aplanir cette divergence et qu’il programme cette fois son voyage en toute tranquillité. En tant que leader d’un parti politique, il a même droit à être sécurisé par mon ministère. On s’est mis d’accord ».
Richard Muyej se dit être surpris quand Vital Kamerhe l’a appelé pour lui dire qu’il était à l’aéroport :
« Voilà que ce matin [dimanche 9 février] j’apprends que Vital Kamerhe était aux pieds de l’avion, sans même avoir réalisé les formalités. Donc si la DGM l’a arrêté aux pieds de l’avion, c’est d’abord pour cette raison. Ils l’ont ramené au bureau pour lui demander pourquoi il voulait voyager sans avoir réaliser les formalités. C’et alors qu’il m’a appelé lui-même. Et je lui ai dit que j’étais surpris d’apprendre qu’il était à l’aéroport parce qu’on avait convenu de se réunir ».
Richard Muyej dit ne rien comprendre. « Je crois que là, il a occasionné un nouveau spectacle ».
Vous pouvez suivre Richard Muyej:
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Vital Kamerhe fut l’ancien secrétaire général du PPRD, le parti présidentiel, et ex-président de l’Assemblée nationale. Il a été contraint à la démission en 2009 après avoir critiqué les opérations militaires menées conjointement par les Forces armées rwandaises et congolaises contre les FDLR au Nord-Kivu. Depuis 2010, il est à la tête de l’UNC un parti d’opposition.
En 2011, Vital Kamerhe a postulé à la présidentielle où il était arrivé troisième. Ce scrutin a été remporté par le président sortant, Joseph Kabila. La 2e place était revenue à l’opposant historique, Etienne Tshisekedi qui se considère toujours comme «le président élu».
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