L’Asadho dénonce la «surfacturation» des travaux publics à Kinshasa

Réhabilitation des routes à Kinshasa.

L’Association africaine de défense des droits de l’homme (Asadho) a exigé mardi 17 février un audit sur l’ensemble des travaux des infrastructures réalisés à Kinshasa qu’elle juge « surfacturés ». Cette association a fait cette demande à l’occasion de la publication du rapport de monitoring des infrastructures dans le cadre du Projet Sicomines. L’Asadho salue l’initiative de ces projets d’infrastructures mais fustige « le manque de transparence, de qualité et du respect des droits humains dans leur réalisation ».

Le projet Sicomines, du nom d’une joint-venture entre l’État congolais et un groupement d’entreprises chinoises, vise notamment la construction et la réhabilitation des infrastructures publiques. En contrepartie des fonds qu’apporte la partie chinoise, la RDC devait céder des gisements de mines à exploiter. L’Asadho reconnait que des travaux ont été effectués à Kinshasa. Mais l’ONG critique à la fois les coûts, trop élevés selon elle, et la qualité des infrastructures.

« C’est le cas de l’avenue Lutendele dans la commune de Mont-Ngafula. D’après un journal que nous avons lu dans nos recherches, ce document indique que ces travaux ont déjà été reçus par le gouvernement congolais. Mais quand vous arrivez sur cette avenue, c’est à peine quelques mètres qui ont été asphaltés et la grande partie est devenue une érosion où ne roulent plus que des motos », affirme le chargé de la protection des victimes à l’Asadho, Me Jean Keba.

Cet activiste de droits de l’homme estime que certains travaux publics ont coûté plus chers pour une qualité au rabais.

« Je prends l’exemple de l’esplanade du Palais du peuple. Quand vous regardez le coût de cette infrastructure, il est supérieur à celui engagé pour construire le stade des Martyrs. Le coût de l’esplanade est au-delà de 20 millions de dollars américains, alors que le stade aurait coûté environ 10 millions de dollars américains », a-t-il déclaré.

La réhabilitation du boulevard triomphal, indique la même source, a aussi coûté plus cher que la construction même de ce tronçon.

«Vous remarquerez qu’avant le défilé du 30 juin [2014], on a ajouté une couche d’asphalte. Comment justifier le coût très exorbitant aux environs de 19 000 000 de dollars et plus alors que l’Office de route avait construit la première phase de ce boulevard sous Laurent-Désiré Kabila à 800 000 dollars», a-t-il poursuivi.

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Le chargé de la protection des victimes à l’Asadho a invité le Parquet général de la République à « poursuivre ceux qui détournent les fonds » destinés à ces travaux d’infrastructures à Kinshasa.

Un expert du ministère du Plan présent lors de la publication de ce rapport, a soutenu dans les échanges que le coût d’infrastructures varie selon l’environnement dans lequel cette infrastructure doit être exécutée.

Risque de surendettement

L’Asadho dit craindre que la surfacturation des travaux publics entrepris à Kinshasa par les entreprises chinoises entraînent le pays dans le surendettement. Pour éviter cette situation, elle demande au président de la République, Joseph Kabila, d’ordonner au gouvernement l’organisation d’un audit indépendant sur les coûts élevés des travaux publics réalisés à Kinshasa.
L’asadho établit une comparaison entre les mêmes entreprises au Congo-Brazzaville et à Kinshasa. Selon cette ONG, ces entreprises ont construit une bande de route asphaltée d’un kilomètre à près de 170 000 dollars américains au Congo-Brazzaville, et que la même bande d’un kilomètre a coûté entre 1 100 000 et 1 300 000 dollars américains à Kinshasa. La construction de l’hôpital du Cinquantenaire a coûté environ 100 millions de dollars américains, selon des chiffres que l’Asadho a obtenus.
Les travaux documentés par l’Asadho concernent :
  • La route Lutendele
  • L’avenue du Tourisme
  • L’hôpital du Cinquantenaire
  • L’esplanade du Palais du peuple
  • Le boulevard Triomphal
  • Le boulevard Sendwe
  • Le boulevard Lumumba
  • Le boulevard du 30 juin
  • La place de la Gare centrale.

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