Affaire fosse commune à Maluku : une question orale adressée à Evariste Boshab

Evariste Boshab, Vice Premier ministre et ministre de l’Intérieur et Sécurité de la RDC le 4/04/2015 à Kinshasa. Radio Okapi/Ph. John Bompengo

Le député national Toussaint Alonga a déposé lundi 6 avril à l’Assemblée nationale une question orale avec débat au vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, Evariste Boshab, sur l’affaire de la fosse commune découverte à Maluku, une commune urbano-rurale de Kinshasa. Pour l’auteur de la question, le ministre devrait « apaiser la curiosité de nombreux congolais » sur cette question.

Environ quatre cent vingt-cinq corps ont été enterrés, depuis le 19 mars, dans une fosse commune au cimetière de Fula-Fula dans la commune de Maluku à Kinshasa. La découverte a été faite par la population de ce coin de la capitale. Elle a tout de suite saisi la Monusco pour dénoncer des odeurs nauséabondes qui s’y dégageaient. La mission onusiennne a, à son tour saisi le procureur de la République.

« Il est donc impérieux que le vice-Premier ministre vienne à l’Assemblée nationale, d’ailleurs avec hâte et précipitation pour apaiser la curiosité de nombreux congolais qui veulent savoir qu’en est-il exactement », a affirmé le député Toussaint Alonga.

Il a déclaré que c’est dans l’intérêt du gouvernement de « livrer la vraie version, la version exacte ».

« C’est dans l’intérêt du Gouvernement de venir nous livrer la vraie version, la version exacte parce que les conditions dans lesquelles ces fosses communes ont été décrites nous renvoient à un charnier. Après tout, ce sont des êtres humains. Plus important que l’homme, valeur fondamentale aux yeux de l’Eternel, même par rapport à la loi n’existe pas », a souligné le député.

Selon lui, si les choses ne sont pas élucidées de manière claire, cela renverrait à un crime contre l’humanité qui relève de la compétence internationale.

« Même pas aujourd’hui ou demain, on pourrait toujours se saisir de ce cas », a-t-il poursuivi.

« Pratique ordinaire »

Avant la réponse du vice-Premier ministre à l’Assemblée nationale, le gouvernement provincial de Kinshasa, ayant procédé à l’enterrement de ces personnes indique que c’est une opération de routine.

«Ce qui s’est passé, l’enterrement collectif de ces personnes est une pratique courante dans la ville », a affirmé le ministre provincial du Budget, Plan, Travaux publics et Infrastructures, Robert Luzolano, dans une conférence de presse organisée mardi.

Il a souligné que pour les 12 derniers mois, l’Hôtel de ville a déjà assuré quatre inhumations collectives.

« Le 2 avril 2014, nous avons inhumé 83 personnes, le 8 juin 2014 c’était 343 personnes, le 21 décembre 2014 nous avions enterré 98 personnes et le 19 mars 421 personnes », a précisé le ministre.

Dans son rapport d’enquête présenté vendredi 3 avril dernier à la presse, Evariste Boshab, avait signifié qu’il s’agissait des indigents, gardés longtemps à la morgue centrale de l’Hôpital général de référence de Kinshasa, ex-Mama Yemo et inhumés par l’Hôtel de ville de Kinshasa sur une demande de la direction de la morgue.

Robert Luzolano confirme les faits et indique que ces personnes sont des indigents dont 300 mort-nés et de fœtus abandonnés, 23 corps abandonnés, 64 personnes non identifiées pour absence de pièces et 34 personnes dont les familles ont été incapables de les inhumer.

Parmi ces personnes, argumente Robert Luzolano, il y a celles provenant d’autres morgues et qui ont été reversées à la morgue centrale.

« Généralement lorsque la morgue centrale est débordée, il est demandé au ministre de la Population de fournir un espace pour l’enterrement de ces personnes », a-t-il expliqué, ajoutant que l’Hôtel de ville n’a rien à cacher.

« Il y a eu 421 personnes qui ont été enterrées au cimetière de Fula Fula à Maluku et nous avons fait cela comme d’habitude, parce qu’on ne peut pas garder nos morts, étant donné que la morgue centrale a une capacité limitée », a poursuivi le ministre Luzolano.

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