Martin Kabwelulu: «60 à 70% des produits miniers de l’Est passent de manière frauduleuse»

Photo de Martin Kabwelulu

Martin Kabwelulu, ministre des Mines depuis février 2007

Les minerais de l’Est de la République démocratique du Congo ont acquis une très mauvaise réputation ces dernières années. Certains experts de l’ONU, les sénateurs ou les organisations des Droits de l’Homme les qualifient de «minerais de sang», allusion faite au financement des groupes armés par l’exploitation du coltan, à la maffia ou aux nombreux cas de fraude.

Pour contrôler leur exploitation, le gouvernement congolais bénéficie d’un soutien de l’ambassade d’Allemagne en RDC dans le cadre d’un plan de stabilisation de l’Est du pays.

C’est dans cette optique que plusieurs acteurs clôturent ce jeudi à Kinshasa un atelier pouvant identifier les mécanismes de certification de tous ces produits.  Radiookapi.net a approché, à ce sujet,  le ministre des Mines,  Martin Kabwelulu.

Radio Okapi : Quel mécanisme pour certifier les minerais à l’Est de la RDC?

Martin Kabwelulu : selon ce que les experts disent, il n’ y aura pas de certification des produits. Je le précise bien. C’est la certification de l’exploitation minière,  la certification des sites miniers qui seront identifiés, des sites miniers qui seront connus.

On aura à savoir chaque jour la production, on aura à savoir quelle est la personne qui  a produit, quel est l’artisanat qui a produit pour que les recettes qui seront produites puissent appartenir à l’Etat et à la population qui sont, en fait, les  titulaires de tous ces sites.

RO : Comment réduire la fraude dans le secteur minier?

MK : Justement. D’abord, c’est cette certification. Ensuite, entre le site de production artisanale et l’entité de traitement, nous avons implanté ce que nous appelons, ici maintenant,  les centres de négoce.

Ce centre de négoce, c’est sera un passage obligé de tous les produits miniers avant d’aller à l’entité de traitement.

C’est dans ce centre que seront payées les taxes.

C’est dans ce centre que nous allons identifier la provenance du produit, que nous allons ensuite identifier la destination du produit, quelle est l’entité de traitement qui va recevoir ce produit, et de quelle manière cette entité pourra traiter ce produit et l’envoyer à l’extérieur.

RO : Et combien l’Etat congolais perd quand il y a fraude?

MK : Bon, écoutez. Nous n’avons pas des chiffres corrects, exacts que nous pouvons vous donner maintenant, mais nous savons  qu’à l’Est du pays, pratiquement  60 à 70 pour cent de la production passent, comme ça, de manière frauduleuse.

RO : Y aurait-il  des laboratoires pour aménager davantage la lutte contre la fraude?

MK : Oui bien sûr. Nous avons le point focal pour le ministère des Mines. C’est le CEEC (Ndlr : Centre d’expertise, d’évaluation et de certification des matières semi-précieuses et précieuses) qui est par excellence le point de certification. C’est sera le service qui s’occupera de faire ce travail là.

Il y a également toutes les divisions des mines éparpillées  dans toutes les provinces. Nous allons faire en sorte que ces services de l’Etat puissent obtenir de l’outil nécessaire.

C’est essentiel, il faudra, lorsque nous parlons certification et lutte contre  la fraude,  que le matériel puisse suivre,  il faut qu’il y ait la communication, des ordinateurs,  il faut des véhicules,  ça c’est primordial.