Kinshasa, la capitale où les transports publics n'existent pas – Slate Afrique

Se déplacer en transports en commun est un casse-tête à Kinshasa. Reportage.

Chaque matin, c’est à des empoignades que se livrent les usagers pour trouver place à bord d’un bus, taxi-bus, ou d’un taxi.

Il faut jouer des muscles et des coudes. Il n’est pas surprenant de se prendre un coup ou se faire marcher dessus.

Et les receveurs (ceux qui perçoivent l’argent des courses dans les véhicules) ont trouvé une formule:

«Piétine ton voisin et demande pardon!»

C’est la règle. Sinon, il faut être rapide pour rattraper les véhicules, qui ne s’arrêtent pas aux endroits le plus fréquentés par les hommes. Ces derniers sont, à Kinshasa, ceux qui bénéficient de la gratuité de transport (certains agents de la Fonction publique, militaires, secouristes de la Croix-Rouge, etc.).

Ce sont donc en majorité des hommes, soigneusement évités par les receveurs, davantage soucieux de faire rentrer de l’argent.

Ces hommes sont communément appelées les «faux-têtes». Dans la course de vitesse pour rattraper les transports, certains Kinois concurrenceraient les meilleurs sprinteurs aux Jeux olympiques.

Mauvaise surprise

Ce lundi 21 mai, la ville de Kinshasa, capitale de la RDC, peuplée de près de 10 millions d’habitants, s’est retrouvée paralysée par une grève des conducteurs de bus. Résultat, pas de transports en commun.

Même aux heures creuses, des attroupements étaient visibles aux arrêts de bus. Le long des grandes artères, tel que le boulevard Lumumba, l’on pouvait apercevoir des personnes marcher pour rejoindre leur destination. Surtout dans la partie est de la ville, dans les communes de N’djili, Masina, appelées «Chine populaire».

«Esprit de mort»

Parmi les conducteurs des véhicules de transports en commun, beaucoup sont pointés du doigt. En cause, leur conduite, responsable de beaucoup d’accidents de la circulation dans la ville.

D’après les statistiques disponibles, 345 personnes ont été tuées sur les routes congolaises en 2009, contre 393 en 2011. Des chiffres en hausse, mais très probablement minorés par les autorités.

Parmi ceux qui font plus de victimes, les chauffeurs de bus Mercèdes 207 D, arrivent en haut du classement.

«Leurs véhicules sont appelés “Esprit de mort”, à cause des nombreux accidents qu’ils provoquent», s’alarme Ya Féli, chauffeur à Kinshasa.

Ce dernier ajoute:

«Ils conduisent très mal, comme des fous, et ne veulent jamais être dépassés. Pour éviter cela, soit ils bloquent le passage d’autres véhicules ou poursuivent celui qui vient de le dépasser. Ils font aussi de la vitesse parce qu’ils se précipitent sur les clients».

Un grand nombre de ces conducteurs, pour ne pas dire tous, ont d’abord été des receveurs. Donc, ils n’ont pas forcément suivi une formation en auto-école. Lire la suite sur Slate Afrique.com