Responsable d’une association de défense des droits humains à Goma, capitale du Nord-Kivu, Arnold Djuma témoigne de la guerre qui meurtrit l’est de la République démocratique ?du Congo (RDC).
Voici quelques extraits de l’interview qu’il a accordée au journal français L’Humanité.
Après quatre mois de combats, quelle est la situation ?dans l’est ?de la RDC??
L’insécurité règne à cause de la guerre menée par le M23. Les armes circulent massivement et les haines tribales s’accentuent. L’économie est paralysée par la guerre. Les groupes armés multiplient les exécutions sommaires et recrutent des enfants-soldats. La peur est?omniprésente. Certes il y a le M23 qui a déclenché cette guerre contre le gouvernement congolais, mais d’autres groupes armés se sont réorganisés ou ont été créés sur des bases ethniques. Le Nyatura (le Fouet) est essentiellement composé de Hutus et collabore étroitement avec les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda, extrémistes hutus rwandais réfugiés en RDC – NDLR). Ses membres combattent le M23. Face à eux, on trouve le Raia Mutomboki (Citoyens en colère) dont le but est de s’en prendre à la rébellion hutue rwandaise des FDLR. Le groupe est très actif dans la région minière de Walikale et une partie du territoire de Masisi, au nord de Goma. D’autres groupes sont essentiellement rwandais comme le Guide, ou encore l’APCLS (Alliance des patriotes pour un Congo libre et souverain) du colonel Janvier Karairi. Tous ces groupes sont en conflit depuis plusieurs années. Si le M23 poursuit la guerre, avec le soutien du Rwanda et de l’Ouganda, ces groupes vont également chercher à s’armer davantage. À tout instant ce conflit peut se transformer en une guerre civile interethnique.
D’où viennent toutes ces armes qui circulent si facilement??
Beaucoup viennent du Rwanda voisin. Par exemple les groupes Raia Mutomboki et le Guide sont financés et soutenus par le?Rwanda. C’est ce qu’atteste un rapport des Nations unies. Depuis plus de dix ans, les armes circulent aisément dans le Kivu. Mais comme le Congo est sous embargo, les pays voisins sont forcément impliqués dans cette déstabilisation de l’est de la RDC.
Confirmez-vous que des exactions sont commises par les deux parties en présence, comme l’atteste Amnesty International??
C’est un jeu d’alliance : le M23 compte de nombreux alliés et les troupes gouvernementales aussi. Sur le terrain, quand des combattants du M23 occupent un village et que certains habitants contestent leur présence, les protestataires subissent des représailles. Des simples arrestations aux exécutions sommaires en passant par des enlèvements, tous les moyens sont bons pour terroriser. Les troupes gouvernementales usent parfois des mêmes méthodes. Si on vous suspecte d’appartenir à un mouvement rebelle, vous risquez d’en subir les conséquences. Pour le moment, nous n’avons pas eu vent d’exécutions de civils commises par les forces loyalistes. Par contre, il est avéré que plusieurs civils ont perdu la vie lors d’affrontements entre l’armée congolaise et les troupes du M23. Lire la suite sur humanité.fr








