Pour certains, c’était inopportun. Pour d’autres, c’était risqué. A Kinshasa, samedi 13 octobre, François Hollande devait convaincre sur deux fronts. Aux “idéalistes”, il lui fallait montrer que l’on peut promouvoirles droits de l’homme à l’intérieur même d’un pays, la République démocratique du Congo (RDC), qui les bafoue. Aux “réalistes”, il avait à prouver que l’on peut critiquer la politique d’un Etat quelques jours avant de s’y rendre, sans pour autant créer un incident diplomatique.
De son arrivée vers 8 heures du matin à son départ vers 23 heures, son emploi du temps comme ses prises de parole ont été soigneusement calibrés pour satisfaire les uns et rassurer les autres.
En homme pour qui l’action ne se conçoit pas sans une forte dose de prudence, François Hollande a ainsi tout fait pour éviter les images embarrassantes et les situations gênantes. Le matin, par exemple, il a rencontré Joseph Kabila. Mais l’entretien entre les deux présidents n’a pas été suivi d’une conférence de presse commune, contrairement à ce qui s’était passé la veille à Dakar, avec Macky Sall.
Ce faisant, François Hollande s’est épargné les amabilités, inévitables en de telles circonstances, avec le dirigeant d’un Etat où la démocratie et les droits de l’homme sont, comme il l’avait dit quatre jours plus tôt à Paris, dans une “situation tout à fait inacceptable”.
ENVOYER DES MESSAGES
Il en a été de même à la mi-journée, lors de l’ouverture du sommet de la francophonie : en prenant place à côté du président de la RDC, François Hollande a fait preuve d’une froideur ostensible à son égard. Mais, à la tribune, il a pris soin de ne pas le froisser, en bannissant toute allusion précise aux atteintes aux droits de l’homme commises par le régime de Kinshasa. Une fois de plus, c’était habile de sa part : à l’image, il avait gommé tout signe de complicité ; dans les mots, il avait écarté toute parole d’hostilité. Lire la suite sur lemonde.fr