RDC: le calvaire des éternels déplacés de la guerre - RFI

Dans l’est de la RDC, le camp de Kanyarucinya accueille des déplacés qui, avant de fuir le Mouvement du 23-Mars (M23), avaient déjà échappé en 2008 à une autre rébellion. Aujourd’hui comme hier, ils connaissent le quotidien des déplacés : pénuries, anxiété, inconfort.

L’histoire se répète à Kanyarucinya. En 2008, le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) menaçait de prendre Goma, la capitale de la province instable du Nord-Kivu, dans l’est de la RDC. Face à son avancée, des déplacés avaient alors improvisé un camp à Kanyarucinya, à une dizaine de kilomètres de Goma. « On a vu les rebelles venir, nous avons eu peur et nous sommes venus ici », se souvient Christophe, 17 ans, chemise saumon et jeans turquoise.

Aujourd’hui, le lycéen est revenu dans le camp avec près de 60 000 personnes, en majorité des femmes et des enfants. Tous ont fui depuis juillet les combats opposant l’armée et le M23, créé en mai par des ex-CNDP intégrés en 2009 dans les forces loyalistes. La rébellion opère dans une partie du Rutshuru, territoire frontalier du Rwanda et de l’Ouganda, accusés par l’ONU de soutenir les mutins - ce que démentent Kigali et Kampala.

Avant d’échapper à la progression du M23 et du CNDP, Mburano, 55 ans, avait fui le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD). « En 2008, j’étais déjà à Kanyarucinya. Je vis ici avec ma femme et mes sept enfants. L’un d’eux, je l’ai adopté quand le CNDP est arrivé dans mon village. Il était seul et, dans ces cas-là, tous les enfants sont nos enfants », raconte avec une apparente sérénité le cultivateur de légumes.

En tongs sous la pluie

Mburano vit sous l’une des 11 100 tentes montées sur des arceaux de bois, prévues pour cinq personnes mais où les ménages sont souvent plus nombreux. En cette saison des pluies, diluviennes, les bâches du Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) ne sont pas assez étanches. « Quand on dort, on est mouillés », explique en riant Mungu, 25 ans, mimant l’eau qui tombe dans les oreilles.

Les pluies détrempent la terre noirâtre du camp, d’où l’on voit se dresser le volcan Nyiragongo. Mais si Mburano porte des bottes en plastique, bien d’autres, comme Christophe, sont simplement en tongs. Malgré tout, on s’attèle à survivre. Des femmes vendent des légumes, des hommes travaillent dans des champs voisins. C’est le cas de Mungu, qui a perdu son emploi de chauffeur de moto-taxi. Lire la suite sur rfi.fr