NP : Les négociations de Kampala s’éternisent. Qu’en pensez-vous ?
Sultani Makenga : “Nous attendons toujours. On espère que le gouvernement de Kinshasa va régler le problème, parce que tout dépend de lui. Je reste optimiste. Nous, nous sommes pour la paix.”
Y a-t-il une date limite pour négocier ?
Sultani Makenga : “Nous sommes patients, nous suivons la volonté des pays des Grands Lacs.”
Quelle est la situation sur le terrain entre les FARDC et le M23 ?
Sultani Makenga : “Nous avions déclaré un cessez-le-feu unilatéral, mais le gouvernement continue de se préparer à nous attaquer. Il y a des renforcements partout, sur tous les axes occupés par les FARDC. Il y a des mouvements des FDLR (NDLR : rebelles hutus rwandais) et autres groupes rebelles jusque dans le parc des Virunga. Nous attendons.”
Les FDLR semblent s’être positionnées à Tongo. Y a-t-il déjà eu des affrontements entre vos deux groupes ?
Sultani Makenga : “Ils nous ont déjà tendu des embuscades. Ils se préparent à nous attaquer, avec les FARDC.”
Vous deviez quitter Goma jusqu’à 20 km au nord, mais le M23 n’a pas respecté ce point de l’accord (NDLR : ils ne sont qu’à 2 km de la ville, à Kaniaruchinya) ?
Sultani Makenga : « C’est vrai, nous devions nous retirer à 20 km, mais il y avait d’autres préalables : nous devions laisser une compagnie à l’aéroport de Goma, 200 hommes, et une force neutre devait occuper la zone tampon. Tout cela n’est pas prêt. C’est pour cela que nous sommes là aujourd’hui. »
Des drones pourraient bientôt être déployés dans l’Est de la RDC. Que pensez-vous de cette décision du Conseil de Sécurité des Nations Unies ?
Sultani Makenga : “C’est une décision de la communauté internationale, nous n’avons rien à dire, nous observerons. Simplement, ce n’est pas une bonne chose. Il faut d’abord comprendre les problèmes qui persistent ici avant d’amener des drones ou autre chose.”
Faut-il plus de casques bleus en RDC ?
Sultani Makenga : “Ce n’est pas une solution. La Monusco est là depuis plus de dix ans. Qu’est-ce qu’ils ont fait ? La Monusco se bat aux côtés des FARDC. Les populations fuient le Masisi ou d’autres localités. Que fait la Monusco ?”
Y a-t-il un danger ethnique actuellement en RDC ?
Sultani Makenga : “On sait que dans l’Est, au Nord et au Sud-Kivu, il y a des problèmes ethniques, des discriminations dans la politique et l’armée. C’est officiel. ”
Bientôt un an d’existence pour le M23, quel bilan dressez-vous ?
Sultani Makenga : “A l’époque, nous avons quitté les forces gouvernementales pour venir à Runyoni. Nous pensions être en sécurité pour dénoncer les problèmes auxquels nous étions confrontés. Mais le gouvernement nous a attaqués. Nous nous sommes défendus et nous avons évolué.”
Le M23 a-t-il vocation à ne devenir qu’un mouvement politique comme l’ex-CNDP ?
Sultani Makenga : “Nous sommes un mouvement politico-militaire. Nous sommes aujourd’hui à Kampala. S’il y a un accord, nous aurons notre parti comme d’autres.”
S’il y a un accord souhaitez-vous réintégrer l’armée congolaise ?
Sultani Makenga : “C’est difficile d’intégrer une chose qui n’existe pas. Le Congo n’a pas d’armée. Discutons-en à Kampala pour créer une vraie armée. Nous sommes tous des Congolais.” Lire la suite sur lavoixdelamerique.com