Le monde entier célèbre ce 1er mai la Journée du travail. En République Démocratique du Congo, cette journée est vécue diversement. Dans certaines villes du pays, des travailleurs, principalement les employés de l’administration publique, ont pris la résolution de bouder les festivités. D’autres, par contre, ont répondu présents au défilé organisé pour la circonstance, rapporte radiookapi.net
A Kinshasa, la capitale, le défilé de circonstance a été lancé dans la mi-journée par le ministre de l’Emploi, travail et prévoyance sociale sur le boulevard Triomphal. L’ambiance est certes à la fête, mais cette manifestation ne connaît pas un engouement habituel. La plupart des travailleurs rencontrés sur le lieu du défilé, bien qu’y prenant part, ne sont pas contents du salaire qu’ils touchent et de leurs conditions de travail.
Même les agents de l’Hôtel de ville de Kinshasa qui défilent brandissent un calicot sur lequel ils réclament l’amélioration des conditions socioprofessionnelles de travail. D’autres travailleurs dénoncent la corruption et l’impunité dans les milieux du travail, et d’autres encore exigent la mise en œuvre de la commission d’évaluation du SMIG.
Bas-Congo
Au même moment, à Matadi, chef-lieu de la province du Bas-Congo, se déroulait un autre défilé pour la même circonstance. Agents des entreprises publiques et privées, ainsi que membres des certaines ONG et associations professionnelles y prenaient part. Ce défilé a eu plusieurs points de départ, rond point Nzanza, rond point Belvédère et marché Minkondo, et tous devaient converger vers le stade Lumumba. Sur les banderoles, on pouvait lire, notamment : « Pour une politique de la protection de l’emploi, l’application du SMIG et la poursuite des élections syndicales sont opposables à tous », « Les fonctionnaires iront jusqu’au bout pour obtenir le barème salarial de Mbudi ». Les femmes travailleuses de Matadi sont elles aussi, à travers leurs messages, déterminées à défendre leurs conditions de travail.
Pour le secrétaire syndical des travailleurs du Bas Congo, c’est à travers cette journée qu’ils veulent faire entendre leurs voix. Dans les différentes avenues de la ville, la population amassée le long des routes, observait dans le calme le défilé. Un discours pour terminer la manifestation était prévu. Un discours qui devait être tenu au stade Lumumba par l’Intersyndicale des travailleurs du Bas-Congo et le ministre provincial du Travail.
Lubumbashi : l’Intersyndicale boycotte le défilé du 1er mai
En revanche, à Lubumbashi, au Katanga, l’Intersyndical du secteur public avait lancé, dès mardi, l’appel au boycott des festivités du 1er mai. Dans une note circulaire rendue publique, cette organisation justifie ce boycott, notamment, par les conditions salariales qu’elle juge mauvaises pour les travailleurs des provinces en particulier. Eric Nonga Malunda, président de l’Intersyndical en question explique : « Quand on dit, il y a défilé, défilé signifie fête. Est-ce qu’on doit fêter avec des miettes que nous avons ? Est-ce qu’on doit fêter avec les 25 000 francs congolais pour un chef de division, et les 20 000 pour un huissier ? Au moment où à Kinshasa, ils sont dans le double de nos salaires. Non, on ne peut défiler dans ces conditions, et la base a décidé de surseoir, jusqu’à ce qu’on va appliquer ce que le président de la République a décidé au mois de février : la suppression des zones salariales. Kinshasa doit toucher au même moment que nous autres, et enfin, qu’on puisse réclamer, nous tous Mbudi. Toutes les autorités sont en possession de cette note circulaire, c’est que nous suspendons notre participation aux festivités du 1er mai, le défilé, on ne défile pas, nous fonctionnaires de l’Etat. Qu’on laisse peut-être aux privés de défiler. »
Et effectivement, sur place à Lubumbashi, le mot d’ordre de l’Intersyndical a été largement suivi. La majorité des agents et fonctionnaires de l’Etat n’ont pas participé au défilé. Seulement quatre divisions sur une cinquante que compte l’Intersyndical y ont pris part. s, nous fonctionnaires de l’Etat. Qu’on laisse peut-être aux privés de défiler. »
Kalemie : pas de manifestation publique pour le 1er mai
A Kalemie, aucune manifestation publique n’a été organisée pour célébrer la fête du travail. Dans un communiqué publié la veille, l’Intersyndicale de la place indiquait qu’il n’y aura pas défilé suite aux difficultés socio-économiques auxquelles font face toutes les entreprises de la place. La décision, peut-on encore lire dans ce communiqué, a été prise de commun accord avec l’Inspection du Travail/district de Tanganyika. L’intersyndicale demandait toutefois aux responsables d’entreprises qui le pourraient d’organiser des réjouissances pour leurs travailleurs
Bunia: incertitude sur le défilé prévu pour ce vendredi
En Ituri, ce vendredi jusqu’à 12 heures locales, la tenue du défilé des travailleurs prévue pour la circonstance n’était pas encore certaine. La mobilisation des travailleurs devant la tribune officielle était très faible et même la fanfare n’était pas encore au rendez-vous. M. Buju Buki, secrétaire syndical interprofessionnel de l’Union nationale des travailleurs du Congo, (UNTC) /Ituri, accuse les autorités du district de n’avoir pas suffisamment mobilisé les employeurs à envoyer leurs travailleurs au défilé. Le président de la délégation syndicale locale des agents et fonctionnaires de l’Etat, M. Belgika Bawiti lui, justifie cette faible mobilisation par le fait que ses collègues de la fonction publique n’ont pas reçu des uniformes pour la circonstance.