E. Boshab, ancien directeur de cabinet de Joseph Kabila, soupçonné de corruption, succède à Vital Kamerhe comme secrétaire général du PPRD. « Il n’y a ni camp, ni faction au sein du PPRD. Nous sommes un parti national », a déclaré le nouveau secrétaire général du parti proche de J. Kabila. Le professeur Boshab soutient, en outre, que malgré les soupçons de corruption qui l’ont amené à démissionner de son poste de direcab du président de la République, il n’est pas gêné à sa nouvelle place. En démissionnant, il voulait se mettre à la disposition de la justice, qui ne lui a toujours pas donné l’occasion de présenter sa défense. Radiookapi.net rapporte l’interview.
Radio Okapi : Professeur Evariste Boshab, bonjour !rn- Evariste Boshab : Bonjour !rn- R.O. : Comment êtes-vous arrivé à la tête du PPRD ? Ce sont les membres qui vous ont élu ou c’est le président Kabila qui vous a choisi ?
- E.B. : Merci bien pour la question. Vous savez parfaitement qu’en raison de ses prérogatives constitutionnelles, le Chef de l’Etat est en dehors des questions partisanes. Et donc, notre constitution est très claire à ce sujet. Comment le président pouvait-il me mettre là-bas ? Le PPRD est organisé. Il est d’abord et avant tout un parti légaliste, qui respecte la constitution.
- R.O. : Et dans quel état trouvez-vous le PPRD ?
- E.B. : Il y a eu un climat de quasi léthargie caractérisant tous les partis politiques, mais c’est un climat post-électoral qui est tout à fait explicable. Mais sinon, il y a sérenité. Et nous allons, avec tous les camarades nous mettre au travail et réaliser les objectifs que le parti nous a assignés.
- R.O. : Certains membres de votre parti évoquent de graves confrontations des camps au sein même du parti. Qu’en pensez-vous ?
- E.B. : Il n’y a ni camp, ni faction au sein du PPRD, nous sommes un parti national. Lorsque vous dites que certains membres évoquent des divergences, mais ils les évoquent où ? Parce qu’il y a plusieurs forums et la parole est ouverte, nous sommes un parti démocratique. S’il y a des questions, on les exprime au sein du parti. Mais lorsque vous dites certains membres, non c’est pour la première fois que j’entends parler de divergences au sein du PPRD. Il n’existe pas de divergence. Nous sommes un parti nationaliste et même national, qui favorise, avant tout, le débat parce que c’est un parti démocratique.
- R.O. : Et quelles sont vos relations personnelles avec votre prédécesseur, Vital Kamerhe ?
- E.B. : Nous avons d’excellentes relations d’amitié. C’est quelqu’un que j’ai connu dans d’autres circonstances et nous avons appris à nous apprécier mutuellement. J’ai donc d’excellentes relations avec Vital Kamerhe, il n’y a aucun problème entre Vital Kamerhe et moi-même. C’est lui qui a préparé la cérémonie que vous avez vue et donc la passation d’un comité à l’autre s’est effectuée dans l’ambiance bon enfant, il n’y a pas de problème.
- R.O. : Professeur, quelles nouvelles valeurs comptez-vous amener au PPRD ?
- E.B. : Vous parlez de nouvelles valeurs, c’est comme si les anciennes valeurs étaient devenues désuètes. Conformément aux statuts du PPRD ainsi qu’à l’idéologie qui est défendue au sein de ce parti, nous allons devoir continuer dans la ligne qui a été tracée dès le départ par tous les membres réunis qui avaient créé ce parti. Et donc lorsque vous parlez de nouvelles valeurs, c’est comme s’il y avait opposition avec les anciennes valeurs. Non ! les valeurs démocratiques, le respect des droits de l’homme, la place de l’enfant, la place de la femme dans la société ainsi que l’éducation pour tous, il y a donc plusieurs valeurs que nous devons défendre au sein du PPRD. Ce ne sont pas des valeurs nouvelles, ce sont des valeurs qui sont inscrites dans nos statuts.
- R.O. : Est-ce que la lutte contre la corruption vous préoccupera aussi ?
- E.B. : Mais comment pouvez-vous admettre qu’un parti qui défend les valeurs nationales puisse favoriser la corruption ? Le PPRD a toujours lutté contre la corruption. Le PPRD a initié plusieurs enquêtes pour qu’il n’y ait pas corruption dans ce pays. Et d’ailleurs, si vous regardez ou si vous avez lu la plupart de discours aussi bien de l’initiateur que des dirigeants du PPRD, la lutte contre la corruption a été initiée par le PPRD.
- R.O. : Vous-même, vous aviez démissionné après des soupçons de corruption, après donc une enquête de l’Assemblée Nationale de transition. Ça ne vous gêne pas d’être maintenant à la tête du PPRD avec ce cachet ?
- E.B. : Monsieur, ça ne peut nullement me gêner parce que ma conscience est tranquille. Premièrement, démissionner, c’est un droit de tout citoyen et dans la culture démocratique, il ne peut pas y avoir de suspicion dans le chef d’un dirigeant, d’un haut cadre. A partir du moment où il y a eu suspicion, je me suis trouvé en droit et en devoir de me mettre en congé pour être à la disposition de la justice. Mais puisque vous parlez de ce dossier,qui a été initié par l’Assemblée de la transition, monsieur, est-ce que vous savez, d’abord, que le droit de la défense est un droit fondamental pour tout citoyen. Et donc retenez que jusqu’à ce jour, l’Assemblée a pu raconter tout ce qu’elle a raconté, moi je n’avais jamais été entendu par un seul membre de l’Assemblée. Et donc dans ce pays, les gens peuvent se réunir, colporter quelque chose, refuser toute contradiction et faire passer cela pour une vérité publique. Voilà toute la vérité : je me suis mis en dehors de tout pour être à la disposition de la justice, et je n’ai jamais été poursuivi, parce que le travail tel qu’il avait été effectué, il fallait nécessairement qu’il y ait des têtes qui tombent ; et il fallait que la tête de Boshab tombe, mais pas de manière professionnelle, parce que je n’ai jamais été entendu. Qu’est-ce que l’Assemblée a écrit dans ce dossier ? Il a fallu qu’il y ait contradiction ! Je n’ai jamais été entendu par qui que ce soit et je défie qui que ce soit à partir du président de la prétendue commission, qu’il vous dise que j’avais déjà été entendu.
- R.O. : Professeur Evariste Boshab, je vous remercie.
- E.B. : Merci bien.