Paix à Rutshuru : Tshikez Diemu appelle la communauté internationale à s'assumer

Population de Rutshuru en attente de la paix

Population de Rutshuru en attente de la paix

Le calme est resté précaire à Rutshuru, 70 kilomètres au nord de Goma, après des violentes manifestations de colère, depuis mercredi tôt le matin, au chef lieu de ce territoire. Réagissant à cette situation, Tshikez Diemu, ministre de la Défense appelle la communauté internationale à s’assumer et à faire pression sur les groupes armés, notamment le CNDP pour le rétablissement rapide de la paix dans cette partie du pays.

Ce qui est en train de se passer à Rutshuru, en face de la Mission des Nations Unies, doit nous interpeller tous. Est-ce une mission d’observation, une mission sous un mandat du chapitre 7?“, s’est interrogé le ministre congolais de la Défense. “ Cessons le jeu auquel nous nous livrons, faire de la vie des individus un spectacle“, a-t-il poursuivi en relevant, parlant de Laurent Nkunda, qu’” on mise sur un mauvais cheval”. “ Il s’agit d’un criminel, pour qui toute la nation se dit, nous nous retrouvons à Amani. On lui demande de venir à Amani, il quitte le drapeau, il nomme les gens, et on sait aussi la complaisance de certains membres de la communauté internationale“, a accusé Tshikez Diemu.

Nous voulons que la communauté internationale s’assume. Il faut que cette communauté internationale fasse son travail. Nous avons des contingents ailleurs qui font leur travail, c’est un. Deux : nous demandons qu’ils fassent la pression sur les tireurs des ficelles qui arment les bandits. La responsabilité du pays nous revient en vertu du mandat populaire que nous avons eu. C’est au terme de ce mandat que toutes les nations du monde agissent. Et à nous, pourquoi on doit refuser?“, a souligné le ministre Tshikez.

Selon les sources administratives sur place, les jeunes manifestants de Rutshuru et Kiwanja ont levé leurs barricades sur la route principale Goma-Butembo laissant libre passage aux véhicules. Le mercredi matin, ces jeunes manifestants de Rutshuru ont mis feu sur un véhicule blindé des casques bleus, confirment les sources de la brigade Nord-Kivu de la Monuc. Ils réclamaient le retour au calme dans le Rutshuru et exigeaient, notamment aux casques bleus, de contraindre les éléments de CNDP de cesser de troubler la sécurité dans ce territoire, disent les mêmes sources sur place.

En séjour à Goma, mercredi, le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unie en RDC, Ross Mountain, appelle cette population à la conscience. Pour lui, la Monuc et la communauté internationale ont encore beaucoup à faire pour le bien-être des Congolais. “Rien se fait aussi vite qu’on voulait, mais c’est important de voir les progrès qui se font, on va vers les élections locales l’année prochaine. Nous les Nations Unies, on va encore soutenir ce processus. Bien sûr avec le gouvernement pour que la meilleure vie que chaque Congolaise et chaque Congolais souhaitent soit à la portée. Ce n’est pas en pensant qu’on peut avoir des résultats, en attaquant une partie de la communauté, soit la communauté nationale soit la communauté internationale, que ça va se faire. Je crois que la population de la zone devrait comprendre ce qui est en train de se faire. Et de profiter de ces mesures plutôt que de prendre les actions qui les arrêtent. Et parce que dans ce sens là, ils se font mal“.

Mercredi soir, affirment les sources administratives sur place à Rutshuru, le comité de sécurité s’est réuni pour trouver une piste de solution, et pendant ce temps, affirme l’administrateur assistant à Rutshuru, la police et les éléments de FARDC se sont déployés pour garder la sécurité autour de la base du bataillon des casques bleus de la Monuc à Rutshuru.

Zones neutres CNDP-FARDC : pas d’accès aux champs

Les populations vivant autour des zones neutres du territoire de Rutshuru vivent dans des conditions précaires aggravées par une pénurie en nourritures. La mobilité des populations est très réduite. Cette difficulté d’accès aux champs s’observe à Mutabo Ntamungenga et même à Rugari localités du territoire de Rutshuru riveraines des zones de combats. A Rugari d’abord, une base mobile du contingent indien est établie à la paroisse catholique dans une zone neutre sur un relief dont le flanc sud de la pente est réservée aux forces régulières mais l’espace plus en haut est contrôlé par le CNDP. Sur place, les populations se plaignent de ne pouvoir exploiter leurs champs situés dans la zone du CNDP, et ce depuis leur retour de leur fuite de l’année dernière pour échapper des combats entre les deux forces belligérantes. Même situation à Ntamugenga zone d’affrontement la semaine dernière. A Mutabo la population témoigne que de plus en plus des personnes restent détenus dans la zone CNDP : « Tu vois les champs de ce côté-là, mais chaque jour les gens sont en débandade, chassés par les hommes en arme, les hommes sont retenus, les femmes violés et emportés. Nous sommes fatigués. Noud sommes fatigués, on n’a même pas à manger.
Avec ça c’est mieux qu’on sache si c’est les affrontements ou pas.
Ça fait une semaine qu’on n’a pas pu se rendre au champ. Si on s’y rend, soit on est dispersés soit ont est arrêté.» Toutes ses allégations sont rejetées catégoriquement par le CNDP qui les a qualifiées de manipulation du gouvernement.

Moscou prône le règlement rapide du conflit

Moscou exhorte au règlement rapide des troubles qui secouent actuellement la République démocratique du Congo, a annoncé mardi le ministère russe des Affaires étrangères (MID). « Moscou est préoccupé par la dégradation de la situation dans l’est de la RDC et espère le règlement rapide des problèmes actuels”, lit-on dans le communiqué du ministère russe. « Tout en comprenant les efforts du gouvernement de RDC visant à étendre son pouvoir légitime sur l’ensemble du territoire du pays, la Russie, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, insistera sur le respect par les parties des engagements pris en janvier denier lors de la conférence pour la paix, la sécurité et le développement des provinces du Nord et du Sud-Kivu », poursuit le document.