Goma : le CNDP conditionne Nairobi par le retrait des FARDC des zones tampon

Les participants à la rencontre de Naïrobi

Les participants à la rencontre de Naïrobi

Le mouvement de Laurent Nkunda menace boycotter les négociations de Nairobi prévues le 7 janvier prochain. Il conditionne sa participation au retrait des FARDC de l’axe Goma-Kibati, à 12 kilomètres au Nord de Goma. Pour le CNDP, l’armée gouvernementale occupe les zones considérées comme tampon. A cela, la Monucrépond n’avoir pas observé le mouvement des FARDC que rapporte le CNDP. Pour le gouvernement, le CNDP trahit sa volonté de ne pas faciliter la paix.

Le CNDP avait déjà formulé ces allégations lors des pourparlers de décembre à Nairobi. Il demande, cette fois, à la médiation de descendre sur terrain vérifier ces allégations. Dans son communiqué, le CNDP affirme que les FARDC ont occupé les zones dont les éléments de Nkunda s’étaient retirés vers fin octobre, lors des affrontements qui avaient menacé Goma. Bertrand Bisimwa, porte-parole du CNDP, déclare que Kinshasa renforce ses troupes à Kibati, au point que le CNDP craint une attaque imminente des FARDC.

Le CNDP demande donc à la médiation de descendre sur le terrain pour vérifier ces allégations. Sinon, explique Bertrand Bisimwa, la reprise des négociations de Naïrobi prévues le 7 janvier prochain ne servirait à rien : « Nous avons écrit à la Monuc. Nous lui avons demandé d’obtenir le retrait des FARDC de ces zones. Nous avons demandé à la médiation de venir constater cette proximité des troupes, observer également la violation du cessez le feu par les FARDC et d’exiger de Kinshasa le retrait de ses troupes. Et si cela n’est pas fait, nous ne voyons pas ce que nous irons faire à Naïrobi. Donc, ça sera pour nous difficile d’aller tromper les Congolais. Nous sommes entrain de faire la paix, alors que deux ou trois jours après, il y aura la guerre. »

De leur côté, Les officiels des FARDC ne se sont pas encore prononcés sur ces allégations du CNDP. Dans une correspondance adressée à Laurent Nkunda précédemment, la Monuc indique n’avoir observé aucun mouvement des troupes FARDC dans la zone de Kibati.

Ces allégations étaient déjà formulées par le CNDP il y a plus d’une semaine lors des derniers pourparlers à Nairobi. Dans sa déclaration du 20 décembre, à l’issue de cette rencontre, le médiateur Olusegun Obasanjo, avait déclaré, que « les médiateurs ont vérifié ces allégations à travers trois sources indépendantes. Ces sources ont confirmé aux médiateurs que ces allégations étaient sans fondement. »

La Monuc invite le CNDP à reprendre le dialogue politique prévu pour le 7 Janvier à Nairobi

La Monuc l’a exprimé dans un communiqué vendredi dans la soirée. Dans le cadre de ce forum qui a été crée suite à sa demande, le CNDP a la latitude de traiter directement avec le gouvernement congolais de toutes les questions qu’il juge indispensables pour le retour de la paix, précise le communiqué.

La mission onusienne dit réitérer sa position selon laquelle elle n’a observé aucun redéploiement d’unités FARDC au nord de Goma depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu en octobre dernier. Concernant le contrôle de zones réclamées par le CNDP, la Monuc fait savoir qu’aucune partie n’a l’autorité de lui imposer l’obligation de contrôler les zones définies unilatéralement. Toutefois, elle se dit prête à aider les parties à mettre en œuvre tout plan de désengagement agréé. La mission onusienne demande au CNDP et à toutes les parties de s’abstenir de tout acte qui pourrait provoquer une reprise des hostilités.

Lambert Mende : le CNDP prouve qu’il ne trouve pas son intérêt dans la paix

Le ministre de la communication et medias et porte-parole du gouvernement congolais estime que le CNDP n’a pas l’intention de faciliter le retour de la paix. Lambert Mende estime que la facilitation ne fera pas mieux que la Monuc, les deux faisant partie des Nations unies : « Cela prouve simplement que le CNDP et ceux qui le manipulent n’ont aucune intention de faciliter la normalisation et la pacification, parce qu’ils n’y ont pas intérêt tout simplement. Dire que la facilitation va faire mieux que la Monuc ? Mais la facilitation, c’est une facilitation de l’ONU ! Alors, si c’est des mensonges de l’ONU, finalement, à qui veulent-ils faire recours ? Simplement, ce dont ils accusent les forces gouvernementales n’existe pas, comme la Monuc l’a démontré. Mais, s’il veut effectivement voir les problèmes qu’il pose être résolus, le CNDP doit venir à la table des négociations. »