Procès Thomas Lubunga : reprise ce lundi, lecture des charges et auditions des témoins

Thomas Lubanga

Thomas Lubanga

Le procès de Thomas Lubanga reprend ce lundi avant-midi à la Cour pénale internationale. Le 1er procès de la CPI avait été suspendu l’année dernière par les juges pour raison d’inéquité de moyens entre la défense et l’accusation. Selon le chargé de la communication au bureau de la CPI à Kinshasa, l’audience de ce jour sera axée sur la lecture des charges et preuves retenues contre Thomas Lubanga, ainsi que l’audition des témoins à sa charge.

Paul Madidi, chargé de la communication au bureau de la CPI à Kinshasa, explique : « L’audience commencera par la lecture des charges retenues contre monsieur Lubanga. Donc, on va rappeler à le défense que monsieur Lubanga a toujours l’occasion de dire, à ce stade, s’il envisage plaider coupable ou non. Le bureau du procureur présentera l’ensemble des moyens de preuve dont il dispose, soumettant ainsi à l’examen des juges un grand nombre de documents. Il y en a 1 671 que le procureur a compilé dans cette affaire. Il y a notamment aussi des vidéos montrant monsieur Lubanga dans des camps d’entraînement en compagnie d’enfants de moins de 13 ans. Il citera également à comparaître 34 témoins, parmi lesquels d’anciens enfants soldats et trois témoins experts. Et puis le conseil de la défense aura aussi l’opportunité de contre interroger les témoins de l’accusation. Il faut noter qu’un grand nombre de ces témoins, 19 au total, font l’objet de mesure procédurale de protection, et témoigneront donc dans le respect de leur anonymat. »

Pour l ’UPC, parti issu du mouvement de Thomas Lubanga, c’est l’occasion de faire éclore la vérité

En Ituri, l’Union des Patriotes Congolais, UPC, parti politique issu de la milice de Thomas Lubanga, salue le déroulement de ce procès. Pour le professeur Jean Baptiste Dechuvi, président ad intérim de l’UPC, c’est aussi une occasion pour son parti, à travers l’ancien chef de guerre de l’ituri, de dire ce qui s’est réellement passé au moment des conflits armés.

Jean Baptiste Dechuvi explique : « Enfin l’occasion est donnée à M. Thomas Lubanga, de pouvoir s’expliquer sur les accusations dont il est objet de la part du procureur. C’est un grand jour aussi pour la population de l’Ituri, qui a vécu un drame dont les principaux éléments sont les massacres de 60 000 personnes. Pour le moment, nous ne croyons qu’à l’innocence de M. Thomas Lubanga. Il appartiendra aux juges de dire rien que la justice et de démontrer que M. Thomas Lubanga a tort ou pas. Et nous pensons qu’enfin l’UPC, à travers M. Thomas Lubanga, pourra donner sa version de ce qui s’est passé en Ituri. »

Procès Thomas Lubanga, rappel des faits

C’est depuis bientôt trois ans que Thomas Lubanga est détenu à la cour pénale internationale à La Haye. Sa détention a été marquée par beaucoup de circonstances qui, certes, auraient aussi été à la base du temps pris pour le déroulement du procès de ce jour.

Arrêté à Kinshasa en mars 2006, le transfert de Thomas Lubanga au quartier pénitentiaire de la CPI a été assuré le même jour par un avion du gouvernement français. En novembre de la même année, les audiences de confirmation des charges sur son affaire s’ouvriront, pour aboutir le 31 janvier 2007, à la confirmation de toutes les accusations formulées contre lui par le procureur.

10 mois plus tard, la chambre de 1ère instance fixera pour la fin du mois de mars 2008, la date du déroulement du procès. Ainsi commenceront les feuilletons des reports. D’abord, sans fournir beaucoup d’explications, la cour le fera pour trois mois. Ce temps permettra à la défense de demander l’annulation pure et simple du procès, au motif qu’il ne sera pas équitable, car les Nations Unies refusaient de lui donner accès à des preuves transmises à l’accusation. La préoccupation de la défense est prise en compte par les juges, et la libération éventuelle de l’accusé est envisagée.

A Bunia, les états-majors de l’UPC jubilent. En Novembre 2008, le procureur renverse la vapeur. La défense est servie. La chambre de 1ère instance décide finalement de maintenir Thomas Lubanga en détention et de le juger. Le début du procès est donc renvoyé au 26 janvier 2009, soit ce lundi.