Human Right Watch : « les civils sont pris au piège et pris pour cible par les FARDC et les FDLR »

Dans le conflit qui oppose l’armée congolaise et les FDLR, l’ONG de défense des droits de l’homme se plaint que les civils sont pris au piège et pris pour cible par toutes les parties. Human Right Watch l’a déclaré mardi à la mission du Conseil de sécurité de l’ONU en RDC. HRW a exhorté le Conseil de sécurité à conditionner le soutien de l’ONU aux opérations militaires congolaises, par l’exclusion des postes de commandement de tout auteur connus d’atteintes aux droits humains. Pour le porte-parole du gouvernement, HRW n’est pas un second tribunal, rapporte radiookapi.net

Dans sa déclaration, HRW justifie son exhortation par le fait que les « exactions répandues et cruelles » de l’armée congolaise contre ses propres concitoyens équivalent à des crimes de guerre », a indiqué Anneke Van Woudenberg, chercheuse à Human Rights Watch. Pour elle donc, « une opération militaire qui prend pour cible les personnes que le gouvernement prétend justement protéger ne peut que conduire au désastre. »

Pour étayer ces accusations, le texte de la déclaration révèle plusieurs cas d’incendies de maisons, de crimes, vols, pillages et viols de plus de 140 femmes, filles et même des enfants. Ces crimes ont eu lieu depuis janvier 2009, dans près de 24 villages de la province du Nord Kivu, à Miriki, Bushalingwa, Bwavinyo et Kishonja dans les territoire de Lubero et de Walikale, sans oublier à Kihonga au Sud-Kivu.

Dans plusieurs témoignages recueillis par HRW et repris dans cette déclaration, les victimes affirment avoir été violenté car accusées par ces soldats FARDC, d’être de connivence avec les ennemis, entendez les FDLR. Du côté des FDLR non plus, les civils congolais n’ont pas été épargnés. Depuis le début des opérations militaires engagées contre elles, les milices des FDLR et du RUD ont commis des crimes de guerre lors d’attaques brutales menées « en représailles » dans le Nord Kivu et le Sud Kivu, attaquant et tuant délibérément au moins 200 civils, soutient l’ONG britannique.

Pour HRW, les soldats du maintien de la paix de l’ONU ne peuvent pas appuyer des opérations militaires au cours desquelles des crimes de guerre sont commis.

Lambert Mende : « Human Right Watch est tout à fait à côté de la plaque »

Réagissant à la déclaration de Human Right Watch, le ministre de la communication et Medias Mende Omalanga reconnaît qu’il y a des cas des bavures. Mais, pour lui, les institutions judiciaires militaires congolaises s’en occupent déjà.

Selon le porte-parole du gouvernement, s’il existent des Congolais qui tuent leurs compatriotes, il existe aussi des institutions congolaises compétentes pour les juger : « Ce n’est pas pour des Congolais tuant des Congolais que le monde se mobilise maintenant. Nous avons des cas, c’est vrai, où des Congolais tuent des Congolais, partout au congo. Même à Kinshasa, si vous faites le tour des tribunaux, vous verrez qu’on juge des Congolais qui ont tués d’autres Congolais. Au Nord Kivu, lorsqu’un Congolais qui est militaire tue un autre Congolais, il y a la justice qui s’en occupe. On n’a pas besoin de Human Right Watch. »

Pour Lambert Mende, les Congolais n’ont pas donné à Human Right Watch le droit de parler en leur nom : « Pour des militaires qui ont des responsables, des cours martiales, des cours d’ordre militaire, et puis des juges, quand ils tuent des gens, pourquoi Human Right Watch veut devenir les second tribunal ? Quand les FDLR tuent, il n’y a personne qui les poursuit. Depuis quand les Congolais ont donné à Human Right Watch le pouvoir de parler en leur nom ? Et maintenant, ils font des communiqués, exactement dans les mêmes termes que les FDLR, pour obtenir que la Monuc cesse d’assister les FARDC. »