Motion contre Muzito : des tractations politiques au palais du peuple

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L’absence à Kinshasa d’un certain nombre de ministres et de parlementaires partis à Mbuji-Mayi pour les obsèques de feu le ministre André Philippe Futa, n’est pas la seule explicaction du report du débat qui devait commencer ce mercredi à l’Assemblée nationale autour de la motion de défiance contre le Premier ministre Adolphe Muzito. Il y a aussi des questions de procédure, mais surtout des tracatations dans les différentes familles politiques en présence pour déterminer la position à prendre par rapport aux enjeux que présente une telle motion, rapporte radiookapi.net

C’est un dossier sensible et délicat. Il faut y aller avec la manière, et surtout savoir ce que l’on veut obtenir au final, disent certains députés dans les couloirs du palais du peuple. Pour la procédure, Gilbert Kikwama, député de l’oppostion a rappelé que la motion doit préalablement passer à la conférence des présidents avant qu’elle soit traitée en plénière. Le message a été entendu, parce que cette conférence a été programmée.

Mais, pendant que le débat de la motion Kanku (contre le Premier ministre) est reporté, le président de l’Assemblée nationale s’est concerté mardi avec les députés des deux Kivus sur une autre motion, incidentielle celle-là, par laquelle, les élus de ces deux provinces chaudes (troublées) du pays sollicitent auprès de leurs collègues plus d’attention et de diligence dans le traitement de la situation sécuritaire de l’Est de la RDC. Une motion intervenue à la suite d’un incident survenu lors de la plénière du 2 octobre, au cours de laquelle la députée Brigitte Kalaba, répliquant à une intervention de son collègue Ernest Kyaviro, avait indiqué que les Congolais d’autres coins sont lassés d’entendre toujours parler de la situation de l’Est. La déclaration a choqué les députés des deux Kivus et même ceux de la Province Orientale dont la région est confrontée, elle aussi, aux problèmes de sécurité. De ce côté là, donc, il y a de quoi apaiser les esprits, avant d’aborder la motion de défiance contre le Premier ministre. Ce qui explique la rencontre de mardi entre le président de l’Assemblée, Evariste Boshab, et les députés du Nord et du Sud-Kivu. Le risque est aussi grand que les députés de l’Est, une centaine (les deux Kivus et la province Orientale), peuvent faire cause commune et faire pencher la balance dans un sens comme dans l’autre, dans la motion contre Adolphe Muzito. D’où la nécessité d’engager des tractations politiques en rapport avec ce dossier pendant le temps du report du débat à l’Assemblée nationale.

L’AMP, la famille politique d’où est issu le successeur d’Antoine Gizenga s’inscrit dans quelle logique? Celle de la déchéance de Muzito, ou celle de son maintien? Avant que le mécanisme parlementaire ne soit déclenché dans la salle des Congrès, la majorité devra répondre à cette question.

L’histoire va-t-elle se répéter?

Le climat à l’Assemblée nationale ressemble à celui de l’année dernière, à cette même période. On se rappellera que c’est au cours de la session parlementaire d’octobre en 2 008, qu’une motion de défiance avait été initiée contre le Premier le premier Premier ministre de l’Alliance de la majorité présidentielle (AMP), le patriarche Antoine Gizenga dont Adolphe Muzito était alors le ministre de Budget. Et c’est au moment où son interpellation était devenue incontournable, au vu de la dynamique prise au palais du peuple parmi les députés, que le chef emblèmatique du Palu (Parti lumumbiste unifié) prit les devants et déposa sa démission en évoquant les raisons de santé. Sa démission fut acceptée par le chef de l’Etat, et la voie fut ouverte pour son remplacement, selon les accords politiques qui régissent l’AMP, par Adolphe Muzito sur qui pèse aujourd’hui la même menace. Comme Gizenga, Muzito est accusé par l’initiateur de la motion de défiance contre lui, d’immobilisme et de mauvaise gestion. L’histoire va-t-elle se répéter?