Lubumbashi : les entreprises chinoises traitent mal leurs personnels

Des employeurs chinois devant leur ambassade à Kinshasa

Des employeurs chinois devant leur ambassade à Kinshasa

C’est la quintessence du rapport de RAID (Right and Accountability in Development, une ONG britannique basée à Oxford. Cette ONG a mené une enquête au mois de septembre sur 15% des compagnies implantées au Katanga, la province cuprifère. Selon ce rapport, les entreprises chinoises basées au Katanga violent les droits des travailleurs, rapporte radiookapi.net

«Les conditions dans lesquelles les travailleurs congolais et chinois travaillent dans ces entreprises minières sont très précaires et ne respectent pas les codes congolais du travail et minier », mentionne le rapport publié sur son site en plusieurs langues dont le chinois.
Seuls les employés de 9 entreprises ont accepté de répondre aux questions de l’ONG. Les travailleurs congolais accusent les entreprises chinoises de n’avoir aucune connaissance du droit international du travail, mais aussi des lois congolaises, surtout celles en rapport avec le droit coutumier. Ces entreprises ne respectent pas les standards environnementaux. Elles n’ont aucune considération pour une rémunération descente, surtout en cas d’accident de travail et entretiennent trop de discrimination, estime RAID.

Les Chinois s’en plaignent aussi rnLes Chinois se disent victimes d’attaques racistes et de violences physiques conduisant même aux blessures. « Ils sont harassés continuellement par les autorités congolaises qui leur extorquent de l’argent pour le moindre prétexte, leur imposent les amandes ou demandent de payer des taxes sans aucune raison valable », peut-on dans le rapport. La corruption abusive rend difficile le commerce. Elle fait barrière à la prospérité de la région, ce qui pousse les Chinois à travailler dans des pays voisins de la R.D.C. L’organisation britannique mentionne qu’il lui a été impossible de percer le mythe à la Sicomines (La sino congolaise des mines), une entreprise commune entre la Gécamines, principale compagnie minière d’Etat, et le consortium des entreprises chinoises engagées dans le programme des Infrastructures en RDC.

Pistes de solution, selon RAIDrnL’ONG britannique ne prétend pas embarrasser la République Populaire de Chine, encore moins ternir son image sur le plan international. Elle souhaiterait que le gouvernement congolais vulgarise le code minier et le code congolais du travail. Cette sensibilisation assurerait le respect de la sécurité et de la santé au travail. Mais encore faudrait-il que le gouvernement mette à la disposition des investisseurs et futurs investisseurs chinois un guide plus compréhensif de ces codes, ajoute l’ONG. RAID recommande à toutes ces compagnies de respecter l’environnement et de ne pas utiliser les enfants dans les carrières. Elle propose au gouvernement chinois de collaborer avec l’Unicef à cet effet.
Comme dans d’autres pays africains, les citoyens chinois sont présents dans plusieurs villes de la RDC. Quatre entreprises chinoises financent la construction des routes, ponts, hôpitaux et rails dans ce pays dont la majorité d’infrastructures ont été détruites durant la dernière décennie suite à des conflits armés. En contrepartie, les Congolais donneront certaines matières premières dont la Chine a besoin. Ce contrat sino congolais évalué à 9 milliards de dollars américains au départ, en 2007, a été réduit à 6 milliards en juillet dernier après les pressions du Fonds monétaire international qui craignait l’amplification de la dette extérieure congolaise. Dette estimée à plus de 11 milliards de dollars.