Uvira : la frontière avec Bujumbura fermée aux réfugiés congolais venant du Burundi

Rapartiement des réfugiés congolais par le HCR

Rapartiement des réfugiés congolais par le HCR

Près de 500 réfugiés congolais du Burundi qui voulaient retourner au pays jeudi sont repartis de la frontière vers leurs camps à Mwaru, à 60 kilomètres à l’intérieur du territoire burundais. Le ministère congolais de l’Intérieur a pris la décision de fermer la frontière au poste de Kavimvira par où ces Congolais allaient être rapatriés pour éviter un retour au pays « dans l’anarchie », rapporte radiookapi.net

Ces Congolais étaient arrivés à la frontière à bord des camions militaires sous escorte de la police burundaise. Ils refusent leur transfert dans un autre camp au nord du Burundi, ce qui les a poussés à vouloir retourner en RDC. Mais le gouvernement congolais n’a pas voulu que les choses se passent de cette façon là. Le vice gouverneur de la province du Sud Kivu, Jean Claude Kibala arrivé à Uvira, en provenance de Bujumbura, la capitale du Burundi, a déclaré à ce propos qu’il fallait un cadre officiel de la tripartite HCR, RDC et Burundi pour faciliter un retour digne des Congolais dans leur pays. Et d’ailleurs, selon lui, cette tripartite était prévue avant la fin de la semaine à Bujumbura.

Le vice gouverneur, Jean Claude Kibala, explique : « Le dossier de réfugiés, il est réglé dans le cadre des accords tripartites. S’il y a des Congolais, 2000 ou 2500, si tous veulent rentrer, vous comprenez très bien que pour des raisons de préparation de leur accueil, ils vivent dans les camps. Nous, nous ne voulons pas créer d’autres camps au Congo RD. Nous supposons que si des réfugiés veulent rentrer chez eux, ils vont vivre comme tout le reste des Congolais, avec la liberté qu’il faut. C’est pour ça qu’il est très important que le dossier des réfugiés soit géré dans ce cadre tripartite. Et ça ne concerne pas seulement les réfugiés congolais qui se retrouvent au Burundi., ça concerne aussi les réfugiés burundais qui se retrouvent au Congo RD. Ils sont environ 18.000 Burundais au Congo RD et environ 29000 Congolais au Burundi. ». Et de poursuivre : « Cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas prêts. On ne nous a pas avisés à temps ! On ne nous a pas avisés dans le cadre précité ! On ne nous a pas avisé de ce retour massif … Quand on vous annonce le nombre de 2000, c’est tout à fait normal que cela se passe tout en respectant la réglementation et les normes en cette matière. »

Cette position a été confirmée par le ministre congolais de la Communication et des Médias Lambert Mende qui a indiqué, selon l’AFP, que le ministère de l’Intérieur a pris la décision d fermer le poste frontière de Kavimvira car ce retour ne peut pas se faire dans l’anarchie.

Les conditions de sécurité ne sont pas réunies, selon le HCR

C’est en début de semaine que ce groupe de réfugiés congolais résidant au Burundi a manifesté son intention de retourner en RDC. Les concernés, estimés à 2 300, avaient fait part de leur désir aux autorités burundaises et au Bureau du HCR Sud-Kivu. Du côté du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, la décision avait été prise de planifier le rapatriement de ces Congolais, après concertation tripartite entre le Burundi, la RDC et le HCR. Et le mardi 6 octobre, une délégation congolaise conduite par le vice gouverneur du Sud-Kivu s’était justement rendue à Bujumbura à ce sujet.

Ces réfugiés congolais dont une grande majorité provient du territoire d’Uvira vivent dans le camp de Gihinga, dans la province burundaise de Mwaro, au centre du pays. Ils avaient quitté la RDC il y a plus de quatre ans. L’une des raisons qui les poussent à quitter leur pays d’accueil, c’est la fermeture du camp Gihinga et leur transfert dans un nouveau camp de réfugiés, celui de Bwagiriza, au nord-est du Burundi. Le gouvernement burundais et le HCR avaient annoncé la fermeture du camp Gihinga à la fin se septembre et invité ses habitants (les réfugiés congolais) d’accepter le transfert de Bwagiriza, dans la province de Ruvigi. Et il leur a été dit qu’une fois Gihinga fermé, l’aide du HCR ne serait donnée qu’à Bwigiriza. Environ 140 Congolais avaient pris la décision d’aller s’installer dans le nouveau camp alors que plus de 2 000 autres refusaient de s’y rendre, évoquant des raisons de sécurité. Ils craignent aussi qu’ils ne soient victimes des violences qui résulteraient des élections burundaises prévues en 2 010. Mais dans l’entre-temps, le HCR avait indiqué que les conditions de sécurité n’étaient pas non plus réunies de l’autre côté de la frontière pour le rapatriement de ces Congolais, notamment à cause des opérations militaires en cours au Sud-Kivu (opérations Kimia 2). C’est pour faire le point de toutes ces données qu’une délégation congolaise avec à la tête le vice gouverneur du Sud-Kivu a fait le déplacement de Bujumbura en début de semaine.