Katanga : 90% des territoires sont mal gérés

Carte Katanga

Carte Katanga

C’est le résultat du rapport de contrôle effectué par les députés provinciaux du Katanga. Selon ce rapport, les fonds alloués par la province sont détournés et les administrateurs de territoires se livrent à des tracasseries de tout genre sur la population. L’assemblée provinciale du Katanga a pris des résolutions pour mettre fin à cette situation, rapporte radiookapi.net

Le rapport présenté par l’honorable martin Luheka, président de la commission économico-financière de l’assemblée provinciale du Katanga, est accablant. Ce député a présidé aussi ad hoc mise en place par la plénière pour faire la synthèse des rapports de députés. Quatre territoires sortent du lot, même si le constat est quasiment le même. Il s’agit des territoires de Kabongo, Kongolo, Kanyama et Manono. Les administrateurs du territoire ne mentionnent pas dans leur livre de caisse les fonds reçus de la province. Certains détournent les frais de fonctionnement et même les salaires des fonctionnaires. D’autres inventent carrément des textes non prévus par la nomenclature officielle.
Face à ce tableau, la plénière de l’assemblée prendra des recommandations. « Pour ne pas consacrer l’impunité que des mesures administratives soient prises à l’égard des entités qui se sont révélées excellentes en mauvaise gestion. L’assemblée provinciale se fait partie civile en intentant une action judiciaire pour détournement de deniers publics, pour détournement de salaires des agents », déclare le député Martin Luheka.
Les députés provinciaux proposent aussi l’organisation d’un séminaire sur le renforcement des capacités des autorités, tant des entités décentralisées que celles des entités déconcentrées, puisque la plupart ignorent, d’après eux, comment gérer une entité administrative.
Les gouvernements provinciaux souvent mis en causernDétournement des salaires, détournement des fonds rétrocédés par l’Etat, tant au niveau central que provincial, sont dénoncés en RDC. Le 15 juillet dernier, la Ligue congolaise de lutte contre la corruption, une ONG basée à Kinshasa, prenant pour son compte un rapport de la Cour des compte, dénonçait, dans un communiqué le détournement à grande échelle par les gouverneurs de province de la RDC des rétrocessions leur envoyées par le gouvernement centrale.
La Licoco explique que sur un total de plus de 48 milliards des Francs congolais envoyés à toutes les provinces en 2007, seuls 12, 75 % ont été rétrocédés aux entités décentralisées. En 2008, sur plus de 127 milliards de FC, les gouvernements provinciaux dans l’ensemble n’ont rétrocédé que 19, 07%.

« Il y a, par exemple, la province du Sud Kivu et la ville de Kinshasa, qui n’ont rien rétrocédé. Donc, les communes (et territoires) sont dans un état délabré. Ils se sont comportés comme de petits rois, alors que à longueur des journées ils sont en train de critiquer le gouvernement central disant qu’on ne leur avait rien donné. Il y a trois facteurs, le premier c’est que tous les dirigeants qui sont arrivés au pouvoir en 2007 voulaient récupérer les dépenses engagées lors des élections. Le deuxième : les gouvernements provinciaux veulent satisfaire leurs assemblées respectives. Comme, vous l’avez appris, il y a ça et là des motions contre les gouverneurs. Alors pour échapper à tout cela, ils utilisent cet argent pour corrompre les députés provinciaux. Le troisième facteur est l’avarice seulement», avait expliqué le président de la Licoco, Ernest Pararo. Cette ONG avait demandé alors au chef de l’Etat de prendre des mesures contre les gouverneurs qui ont détourné cet argent.
Peu de réactions ont été enregistrées en provinces par rapport communiqué sulfureux de la LIcoco. Toutefois, l’ONG cite La province du Katanga en bon exemple. Cette province est la seule qui, durant les deux années précédentes, a procédé à la rétrocession de près 60% du montant reçu du gouvernement central. Sur plus des 25 milliards 600 millions des FC, le Katanga a rétrocédé à ses entités plus de 14 milliards, indique le rapport de la Cour des comptes cité la Licoco.

rnDétournement aussi au niveau des ETDrnDans le district de Sankuru, un rapport parlementaire a dénoncé le 3 octobre dernier, le détournement d’au moins 70% des frais rétrocédés par l’Exécutif provincial pour le fonctionnement du district du Sankuru pour l’exercice 2008. Le commissaire de district sortant et ses deux adjoints sont rendus responsables de mauvaise gestion ou de détournement de ces fonds, rapporte radiookapi.netrnSur les 6 millions de Francs congolais envoyés par la province au district de Sankuru en termes de rétrocession, seuls 2 millions de Francs congolais ont laissé des traces dans les livres de caisse. Ce qui représente 30% des frais de rétrocession. L’utilisation du reste, soit 70%, manque de justification. D’après le député Dilolo Kalemba, président de la commission parlementaire de contrôle, le commissaire de sistrict sortant du district de Sankuru, Lola Mosengo, assume une part de responsabilité. Cette commission de contrôle parlementaire relève le manque d’orthodoxie dans les autres aspects financiers. La grande difficulté mentionnée, c’est d’ailleurs la permutation des personnalités citées dans ce rapport. Le commissaire de district assistant Diluba dia Bika, en fonction à l’époque à Sankuru, rejette les faits, estimant qu’il n’a jamais reçu de frais de la rétrocession.
Le Sankuru, vaste de 104 331 km², est l’un des districts du Kasaï Oriental. Il se situe au centre du pays sur la rivière Sankuru. Ce district est un exemple de ces terres riches de leurs potentialités. Fort malheureusement, ces terres sont longtemps retenues dans l’isolement. Le détournement de la rétrocession attribuée à ce district relance le débat sur la bonne gestion des entités territoriales décentralisées prévues dans le cadre de la décentralisation.
Tout récemment, à Mbuji Mayi, toujours au Kasaï Oriental, le gouverneur de province Ngoy Kasanji, vient de suspendre le maire adjoint de la ville de Mbuji Mayi, 4 bourgmestres ainsi que leurs adjoints. Tous ces responsables administratifs sont accusés de détournement des deniers publics et de concussion. Le gouverneur de province s’est référé au rapport de contrôle de gestion effectué par une commission de l’assemblée provinciale.