Moanda : A qui appartient le sol où sont érigés les bureaux de Perenco ?

Siège de Perenco à Moanda

Siège de Perenco à Moanda

Les installations de l’entreprise pétrolière Perenco, dans la base navale de Banana, sont de nouveau accessibles, ce lundi matin. Elles ont été barricadées pendant près de deux heures ce même jour, par des habitants de la cité côtière de Moanda qui se réclament de la Famille Nkioka. Selon l’administrateur de territoire ad intérim de Moanda, ces autochtones reprochent à Perenco d’avoir installé ses bureaux sur leur sol, sans aucune rétribution, rapporte radiookapi.net

Les employés et cadres de Perenco ont été empêchés d’accéder ce lundi matin à leur bureau, dans la cité de Banana, par des gens se faisant passer pour des représentants de la famille Nkioka, autochtones de la cité de Moanda. Dans leur mouvement de colère, ces derniers se sont mêmes emparés du charroi automobile de l’entreprise. A la base, l’espace sur lequel les bureaux de Perenco sont érigés serait, selon ces personnes, de droit une propriété de la famille Nkioka. D’où leur protestation, a expliqué l’administrateur de territoire ad intérim de Moanda, Guillaume Ngongo Ngongo joint lundi par radiookapi.netrnDonc, pour les autochtones de la place, l’occupation de la concession par Perenco serait illégale. Surtout que ces derniers estiment ne rien voir, en terme des retombées positives de l’exploitation pétrolière de Perenco sur la population de Moanda. Guillaume Ngongo Ngongo a affirmé avoir dépêché une délégation sur le lieu de la protestation pour calmer les esprits. Les bureaux de Perenco ont rouvert et les véhicules saisis restitués à l’entreprise. Guillaume Ngongo Ngongo a aussi annoncé la tenue prochaine d’une réunion mixte entre les services spécialisés de l’Etat, dont le cadastre, et la famille Nkioka. Réunion qui devra déterminer qui de Perenco ou du clan Nkioka est l’acquéreur légal de ce site.
« Il est important de confronter les parties en conflit parce que Perenco occupe ce site depuis plusieurs années maintenant. Avant l’établissement de Perenco, il y avait déjà Chevron, [une autre société pétrolière] qui occupait ce site », a déclaré Guillaume Ngongo Ngongo. Par ailleurs, l’administrateur de territoire ad intérim de Moanda a rejeté les allégations selon lesquelles Perenco ne poserait pas des actions sociales en faveur de la population locale. Cette société a construit des écoles et des centres de santé, d’après lui, mais les autochtones demandent toujours plus.

Perenco : une présence controversée

La protestation de la famille Nkioka, enregistrée ce lundi, est un élément de plus qui marque la présence controversée de cette entreprise pétrolière à Moanda. Plusieurs fois, elle a fait l’objet d’accusation de pollution de la part des activistes des droits de l’homme et des représentants de la société civile. Ces derniers avaient accusé la Perenco de polluer les eaux du fleuve Congo et de l’océan en y déversant des déchets des hydrocarbures. Accusation que les responsables de cette entreprise avaient rejetée. Antoine Richard, Directeur de Perenco avait alors affirmé qu’il n’y a aucune maladie qui soit directement imputable aux activités pétrolières, ni pour les habitants de Moanda, ni d’ailleurs pour les salariés de Perenco, qui vivent sur les installations pétrolières. Les services médicaux de Perenco effectuent 700 consultations par mois pour ses salariés familles, avait-il soutenu, faisant valoir que s’il y avait la moindre pathologie liée à la proximité avec les hydrocarbures, on le découvrirait tout de suite. Un fait important à relever en rapport avec la présence de Perenco à Moanda, c’est la contribution de cette entreprise à l’économie de la RDC. En 2007, sa part au fisc congolais s’est élevé à 311 millions $ US. Elle a produit quotidiennement près de 24.000 barils. Sur le plan social, elle a installé des bornes fontaines à Moanda pour permettre à la population d’avoir de l’eau potable, en plus de son soutien logistique aux écoles et centres de santé de cette cité côtière.