Atta-Mensah : « Le pont route rail Kinshasa-Brazzaville ne nuirait pas aux recettes de la RDC »

Kinshasa et Brazzaville de deux côtés du fleuve Congo

Kinshasa et Brazzaville de deux côtés du fleuve Congo

Plusieurs économistes africains réunis à Addis Abeba dans le cadre de la 4e conférence économique africaine estiment que la question de l’intégration régionale de l’Afrique centrale n’est pas encore réglée. Le cas du pont rail Kinshasa-Brazzaville retient particulièrement l’attention. A ce sujet, le chef de l’intégration régionale au Nepad (Nouveau partenariat pour le développement en Afrique) rejette l’idée selon laquelle ce projet réduirait les recettes de la RDC, en faveur de Pointe Noire, rapporte radiookapi.net

M. Atta Mensah s’explique : « Je pense que ce pont route-rail ne diminuerait en rien les recettes de la RDC mais par contre les augmenterait parce que les échanges entre les deux pays augmenteront également. C’est projet intégrateur et l’intégration n’est pas seulement économique, il est aussi social, il s’agit d’un même peuple. L’intégration a aussi aidé à résoudre plusieurs crises. Souvenez-vous du rôle qu’a joué la SADC en période de transition en RDC »

Concernant, un certains privilèges qu’accorderait ce pont au port de Pointe Noire, le chef de l’intégration du Nepad répond : « C’est faux. Il suffit d’avoir de bonnes infrastructures au port de Matadi et de Boma et sur toute la région et les ports auront la même importance. La Banque africaine de développement financera cette construction du pont route-rail et je crois qu’il se réalisera.

Pour rappel, La RDC et la République du Congo ont signé le 24 juin à Kinshasa, en marge de l’ouverture de la conférence de la CEEAC (Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale), un protocole d’entente pour matérialiser le projet de construction d’un pont route-rails entre les deux rives du fleuve Congo.

Le ministre du Plan, Olivier Kamitatu, qui a signé ce protocole pour la RDC, expliquait l’importance du projet : « La RDC est une puissance économique qui se redéploie. Il ne faut pas avoir peur de notre poids politique et de notre poids économique. Mais, nous avons besoin de différentes portes avec nos 9 voisins. Une des portes sera précisément le pont route-rails entre Kinshasa et Brazzaville. On n’a pas voulu simplement faire ce pont. Nous avons décidé que nous ferions le chemin de fer, avec l’appui de la Banque africaine de développement, avec l’appui de la CEEAC, entre Kinshasa et Ilebo. Puisque déjà Ilebo est connecté à Lubumbashi, et Lubumbashi est connecté à l’Afrique australe. Nous aurons une voie souveraine pour nos matières premières qui viennent du Katanga et du Kasaï vers Kinshasa. Nous aurons également une voie qui ira de Kinshasa vers le Congo Brazzaville, vers le Cameroun, vers l’Afrique de l’Ouest. Donc, nous allons connecter l’Afrique. C’est un projet extrêmement ambitieux. Il fallait aujourd’hui franchir le pas. »

Un projet plutôt mal accueilli au Bas-Congo rnDu côté de l’Assemblée provinciale du Bas Congo, ce projet n’a pas été bien accueilli. Pour son président François Kimasi, le développement de cette province n’est pas pris en compte, parce que, d’après lui, un pont entre Kinshasa et Brazzaville entraînera la perte de certaines ressources issues de la nationale numéro un entre Matadi et Banana.

« Pour le Bas-Congo, et que les ressources nationales doivent transiter par Brazzaville, et couper la route nationale qu’est Matadi et Banana, la République Démocratique du Congo perd en sécurité et en garantie », a expliqué à son tour François Kimasi. Et de poursuivre : « Les Congolais, peut-être, ne connaissent pas ça, nous qui connaissons l’affaire, c’est depuis longtemps que ç’a commencé. Même le maréchal a laissé ça, il s’est toujours opposé à cela. Je ne sais pas comment tout à coup les autorités accèdent à ça. Et les autorités du Congo ont peur de dire la vérité au peuple congolais. Mais, je le dis : c’est une perte, c’est une faiblesse et la République Démocratique du Congo le paiera très cher. »