RDC : état des droits de l’homme, la FIDH charge le gouvernement

Logo FIDH (Fédération internationale des Ligues des droits de l'homme)

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La Fédération internationale des Ligues des droits de l’homme, FIDH, accuse le gouvernement congolais de dérive autoritaire. Dans un rapport publié hier jeudi ici à Kinshasa, la Fédération internationale des Ligues des droits de l’homme, FIDH, revient sur plusieurs cas de répression des libertés publiques et individuelles par les forces de l’ordre et de sécurité. L’ONG internationale pointe directement du doigt les autorités gouvernementales d’entretenir cette situation. Rapport que conteste du reste le ministre congolais des Droits humains.

Dans ce document de 35 pages, la FIDH dresse un tableau sombre de la situation des droits de l’homme en République démocratique du Congo. L’ONG accuse le gouvernement de faire taire toute voix d’opposition politique. La FIDH évoque notamment la répression des partisans du MLC, parti du sénateur Jean-Pierre Bemba, de l’UDPS d’Etienne Tshisekedi, d’activistes des droits humains ainsi que des journalistes. Le rapport cite, par exemple le cas de Floribert Chebeya de la Voix de sans voix et ses compagnons incarcérés il y a quelques mois à Kin Mazière, celui de Raoul Nsolwa de l’UDPS, plusieurs fois arrêté et torturé et bien d’autres cas similaires.
Benoît van Der Meerscher de la FIDH résume le tableau dressé par son organisation : « Nous avons le sentiment d’assister à une multiplication des dérives de la part du pouvoir : arrestations et détentions arbitraires, poursuites pénales injustifiées qui témoignent du caractère systématique d’une politique qui semble pensée au plus haut niveau »

Sur le plan judiciaire, la FIDH parle d’une magistrature volontairement affaiblie par l’Exécutif. Salaires maigres, magistrats instrumentalisés et rien que 0,002 pour cent du budget national consacré à la justice, le gouvernement se met les magistrats dans la poche, selon le rapport. Ce qui rend difficile le contrôle de l’Exécutif par le judiciaire et hypothétique l’équilibre démocratique. La FIDH parle également de nombreux cachots secrets qui échappent au contrôle du parquet.
Elle cite notamment Kin Mazière et plusieurs cachots de l’Agence nationale des renseignements, ANR.
De son côté, le ministre congolais des Droits humains, Baudouin Upio Kakura, conteste ce rapport : « Il n’y a pas de dérive autoritaire. J’aimerais dire qu’il y a des avancées. Nous sommes parmi ceux qui font des progrès. Il y a un plan national de promotion et de protection des droits de l’homme »

Sur le plan de la gouvernance judiciaire, le ministre Upio parle des mesures visant à lutter contre la corruption qui ont été annoncées dernièrement. A en croire le ministre, ces mesures ont visé le départ de nombreux magistrats. Et pour lui, l’Etat de droit se construit. Et il faut, poursuit-il, considérer les droits de l’homme dans leur globalité. Lorsqu’on focalise l’attention, la prestation sur une seule catégorie des droits de l’homme, on aboutit à des conclusions qui sont fausses. Le ministre insiste sur la constitution du 18 février 2006. Cette constitution, selon lui, consacre un régime protecteur des droits de l’homme. Tout le système actuel est bâti sur la dignité humaine, contrairement au système d’avant 18 février où toutes les constitutions protégeaient le pouvoir, souligne-t-il. Sur ce plan, conclut-il, il y a des progrès, certes de petits progrès, mais des progrès qui comptent.