Opération de la pentecôte: les prévenus eux-mêmes prennent en charge les audiences

Prisonniers du CPRK

Prisonniers du CPRK

Les militaires ex Forces armées zaïroises (Faz), arrêtés il y a 5 ans dans le cadre de l’opération pentecôte, croupissent toujours à la prison centrale de Makala. C’est avec beaucoup de difficultés que leur procès a pu démarrer le 31 juillet 2009. Leurs avocats déplorent la lenteur et les conditions dans lesquelles se tiennent les audiences qui sont, du reste, prises en charge par les prévenus, rapporte radiookapi.net

«Les moyens nécessaires n’ont pas été mis à la disposition de la cour pour organiser le procès. Ce sont les prévenus eux-mêmes qui louent des chaises et la sonorisation. C’est-à-dire ce sont eux-mêmes qui organisent leur procès. Alors quel sera leur sort demain ? Ils restent condamnés ? Après tous les efforts qu’ils ont déployés, ils ont des difficultés. Il y en a qui ne sont pas payés régulièrement. Mais, ils se sont constitués en plusieurs groupes pour contribuer, à tour de rôle, à l’organisation du procès. C’est inconcevable! Nous en appelons à la haute cour militaire de mettre les moyens nécessaires à la disposition de la cour ou de la chambre qui siège à la prison centrale de Makala pour que ce procès puisse être accéléré. Parce qu’il n’est pas normal qu’un procès dure deux ou trois ans! Il y en a qui sont des pères de familles. Il y en a qui ont été déchargés par le ministère public, mais ils doivent rester en détention pendant combien de temps ? On ne doit pas aussi nous prendre tout notre temps pour un procès dont nous ne gagnons pas grand-chose», a déclaré le président du collectif des avocats de ces ex-FAZ, Peter Ngoma.

La cour évite de bâcler le procès, selon le ministère public

Pour sa part, le représentant du ministère public, l’avocat général militaire Munsau Sanzu a indiqué que la lenteur des audiences est liée à la complexité du dossier.

« Par rapport à la location de la sonorisation, je ne pense pas que cette charge incombe au parquet. C’est la cour qui organise les audiences. En ce qui concerne la lenteur, je ne sais pas si nous devons aller vite en bâclant l’instruction ou bien instruire le dossier. On ne peut pas faire des choses rapidement au point de bâcler l’instruction. La cour est en train d’instruire calmement le dossier pour éviter des erreurs judiciaires. Elle a un programme qu’elle est en train de suivre. Cela ne signifie pas que la cour est lente dans l’instruction. Quant à la solde, ces prévenus ne sont pas les seuls militaires FARDC à ne pas être payés. Mêmes ceux qui sont en liberté et qui travaillent ne le sont pas. Cela est dû à plusieurs contrôles qui ont été effectués. D’ici-là, leur situation sera régularisée comme celle des autres militaires », a expliqué le major Munsau Sanzu.
De son coté, la cour militaire de la Gombe s’étonne de constater que les «pentecôtistes» de la prison centrale de Makala prennent en charge l’organisation des audiences. La cour souhaite que cela cesse.

Au total, rappelle-t-on, 44 militaires ex-FAZ connus sous l’appellation des «conjurés de la Pentecôte» sont poursuivis pour mouvement insurrectionnel, vols, dissimulation d’armes et meurtre. Des infractions commises dans la nuit du 27 au 28 mars 2004. Après des séances de rééducation politique à la base de Kitona dans Bas Congo, ces militaires avaient manifesté pour dénoncer les conditions de vie misérables qui étaient les siennes. Au cours de leur mouvement de colère, ils avaient tiré des coups de feu en l’air dans différents camps militaires de la capitale, le 28 mars 2004. D’après certains détenus, ils étaient identifiés sous le code 32, code qui représente les 32 ans de règne de feu Maréchal Mobutu. Cette étiquette ne leur donnait accès à aucun galon, ajoutent les mêmes sources, en dépit de la formation et de l’expérience acquises au sein de l’armée nationale. Autre fait à noter, ces militaires ont passé plus de 4 années en prison sans jugement et sans avoir été informés du motif de leur arrestation. Cette information attendue depuis lors ne leur a été communiquée que lors cette première audience du 31 juillet. celle-ci n’a été qu’introductive, la composition du tribunal n’étant pas complète. La prochaine audience est prévue pour le 07 août.